Axe D1 : Villes, territoires et processus de territorialisation
Coordination Lyon 2
Ce nouveau programme s’inscrit dans la continuité des activités menées précédemment sur ce thème au sein du laboratoire, avec néanmoins des changements d’échelle d’analyse (territoires de Thessalie) ou en liaison avec la reprise d’un programmes de fouilles et d’une étude de matériel (Kition, Tyr). La structuration thématique est indéniablement forte, à la croisée d’activités de terrain variées (fouille, prospection, élaboration de cartes archéologiques) pour des régions et des périodes distinctes (Chypre de l'âge du Bronze à l'époque archaïque, Apollonia d'Illyrie et Tyr de leur fondation à l'Antiquité tardive, la Thessalie de l'époque archaïque à l'époque romaine, l’Égypte ptolémaïque).
Ce programme réunit trois volets complémentaires.
• Des études de topographie urbaine concernent plusieurs sites archéologiques explorés par des équipes dirigées par des membres du laboratoire HiSoMA. Ainsi à Tyr (Liban) comme à Apollonia (Albanie), les nouveaux dégagements conduisent à un réexamen de l’évolution des spécialisations sectorielles fonctionnelles dans la longue durée. À Kition, ville-capitale à l’époque des Royaumes de Chypre, l’étude, qui s’inscrit elle aussi dans la longue durée du Bronze Récent au début de l’époque hellénistique, vise à un double objectif, à la fois diachronique — il s’agit d’établir les phases d’occupation du site, de contraction urbaine ou de nucléation, d’évolution des fonctions sectorielles — et synchronique, dans l’espoir d’établir des données socio-topographiques ou ethniques.
Pour compléter ce volet, une publication dans une collection universitaire sera consacrée à Rome, documents de topographie historique, d'archéologie et d'histoire (Yves Perrin), et se propose de rassembler les cartes et les plans de la ville et de ses édifices, car un tel ouvrage fait, paradoxalement, défaut.
• La souveraineté territoriale est une des dimensions les plus visibles et les plus substantielles de l’organisme étatique ; or les formes de la concrétisation de l’État dans l’Antiquité restent un domaine peu ou insuffisamment exploré. C’est pourquoi il a semblé intéressant d’étudier les processus de territorialisation, de légitimation de l'occupation d'un territoire à mémoire longue, et d’administration par intégration ou subsidiarité.
C’est dans cette perspective que se situe l’étude de Larisa, ville capitale de la Seconde Confédération thessalienne à partir de 197 avant J.-C. On s’appuiera sur la récente mise au jour du théâtre de Larisa, lieu probable de réunion de l’assemblée fédérale, dont l’architecture, l’ornementation et les inscriptions témoignent de l’importance du bâtiment comme lieu d’expression du pouvoir fédéral, de la mise en œuvre de l’intégration territoriale, des manifestations de la loyauté envers Rome, mais aussi de la notabilité locale pour les Lariséens qui obtenaient l’autorisation officielle de graver leur nom sur ses gradins.
En parallèle avec cette étude des mécanismes d’intégration à un espace unifié, on tentera de cerner la possibilité qu’avaient les cités ou les peuples intégrés à cette grande Thessalie de préserver des règles et une identité propres dans la mise en œuvre des décisions communes — ce que peut recouvrir le terme moderne de subsidiarité. En complément, on mènera deux études régionales sur les peuples récemment intégrés à la Thessalie à travers les documents épigraphiques de la Perrhébie pendant le demi-siècle d’indépendance qui a débouché sur l’intégration à la Thessalie (196-146) et le cas de l’Achaïe Phthiotide, devenue thessalienne dans les premières années du IIe siècle avant J.-C., où l’on exploitera le travail de prospection systématique du territoire de la cité de Mélitaia récemment publié par Fl. Cantarelli.
• Une attention particulière sera portée au problème de l’emboîtement des propriétés foncières de statut privé, collectif ou étatique à travers l’organisation d’un séminaire de recherche associant divers spécialistes, qui sera consacré à la « propriété foncière dans les sociétés grecques aux époques tardo-hellénistique et impériale romaine ». Face aux transformations sociales par lesquelles s’élabore la cité de la basse époque hellénistique et de l’époque impériale, la question de la propriété foncière paraît offrir un angle d’analyse venant compléter les acquis de l’historiographie récente, dont l’approche est essentiellement politique.
L’accès à la terre dans des communautés où l’accès à la décision collective se restreint est un phénomène qui n’est pas uniforme ; il est donc nécessaire de mener des études régionales. Le premier objectif sera de constituer un recueil de documents portant sur la période qui va du IIIe siècle avant au IIIe siècle après J.-C. pour l’ensemble du monde des cités grecques.
Partenariats institutionnels
Centre Camille Jullian, MMSH d'Aix-en-Provence ; École française d’Athènes ; École française de Rome ; Université de Milan ; Westfälische Wilhelms-Universität Münster (prof. P. Funke, prof. H. Beck) ; Ministère des affaires étrangères et européennes ; CNRS (GDR européen « Balkans ») ; Institut archéologique de Tirana ; Parc archéologique national d’Apollonia (Albanie).