FAVIER Eleonore

            Bien que les études portant sur le travail et la production dans la Grèce antique se soient multipliées ces dernières décennies, permettant d’éclaircir un grand nombre de points, le travailleur manuel reste toujours dans l’ombre : indéfinissable, il échappe en grande partie à notre compréhension. C’est par le biais de la source archéologique que cette étude les appréhende d’abord : par l’étude architecturale des lieux de production, leur organisation matérielle puis humaine, les travailleurs se dévoilent. Les ateliers de travail du métal, de la pierre et de la terre d’Athènes, Argos, Corinthe, Délos, Olynthe et Pella du IV^ème siècle au I^er siècle av. J. -C. témoignent de la présence d’ateliers de production au cœur de la ville. Leur organisation atteste une recherche de fonctionnalité et d’efficacité pour une meilleure production. La division du travail et la spécialisation prouvent l’existence d’un monde du travail structuré et efficient dans lequel évoluent les travailleurs manuels. Il est possible d’affirmer qu’ils ne sont pas en marge de la société, bien au contraire, ils en sont au cœur. Enfin, la caractéristique principale du travailleur est, sans aucun doute, son impossibilité à être décrit simplement : il est protéiforme. Il ne peut pas être aisément défini car il est tout à la fois homme, femme, enfant, citoyen, métèque, affranchi, esclave, riche, pauvre, célèbre et invisible.

Although studies on work and production in ancient Greece have multiplied in recent decades, shedding light on many issues, the manual worker remains in the shadows: undefinable and largely beyond our understanding. It is through archaeological sources that this study attempts to understand them: through the architectural survey of the production sites and the material and human organisation found there, that the workers begin to reveal themselves. The metal, stone and clay workshops of Athens, Argos, Corinth, Delos, Olynthus and Pella from the 4th to the 1st century BC bear witness to the presence of production workshops in the heart of the city. Their organisation attests to a search for functionality and efficiency for better production. The division of labour or specialisation proves a structured and efficient world of work in which manual workers evolved. It is possible to say that they are not on the margins of society. On the contrary, they are at its heart. Finally, the main characteristic of the worker is, without a doubt, the impossibility of being able to be described simply: he is protean. He cannot be easily defined because he is at the same time man, woman, child, citizen, metic, freedman, slave, rich, poor, famous and invisible.