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Le bilan des émissions gaz à effet de serre du laboratoire

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Par Salomé Mesure, étudiante du master 1 SENTINELLE (Université Lyon 3), stagiaire au laboratoire pendant 4 mois

Pour adapter au mieux les pratiques de la recherche dans un contexte de transition écologique, il est primordial d’évaluer et quantifier le poids de ces pratiques. Cela est possible grâce à un bilan des émissions de gaz à effet de serre (BEGES). Le but d’un BEGES est d’estimer les émissions de gaz à effet de serre des activités de recherche pour ensuite pouvoir les réduire. Il est ensuite recommandé de réaliser ce bilan tous les 4 ou 5 ans afin d’en suivre l’évolution.

Pour réaliser ce bilan il est possible d’utiliser l’outil GES1point5, développé par le groupement de recherche Labo1point5 du CNRS. Le logiciel évalue des thématiques spécifiquement en lien avec les activités de recherche : 

 

Les déplacements domicile-travail et l’alimentation sur le lieu de travail ont été évalués grâce à un questionnaire du logiciel. Les autres données ont été collectées grâce aux gestionnaires des différentes tutelles et les services patrimoines.

Le résultat du BGES est exprimé en tonnes équivalent CO2. Une tonne équivalent CO2 correspond à 4 348 km parcourus en avion ou 423 729 km parcourus en TGV.

Le bilan carbone total du laboratoire pour l’année 2023 est de 264.35 t eCO2.

Etiquette réalisée avec le comparateur carbone du site Impact CO2

Les principaux postes d’émissions sont les déplacements professionnels (39% du bilan) et les achats (27% du bilan).

Modes de déplacement

Emissions (t eCO2)

Distance (km)

Avion

101.07

537 278

Train

1.17

141 683

Voiture

0.35

1 645

Taxi

0.08

388

Bus/Autocar/Intercités

0.74

24 227

Total

103.41

705 221

Sans surprise, c’est l’avion qui est le mode de déplacement qui émet largement le plus. La distance totale parcourue en train représente environ 1/4 de la distance totale parcourue en avion. Cependant, les émissions sont quasiment 100 fois moins importantes que celles de l’avion. 

En 2023, ce sont les déplacements réalisés lors de mission de terrain et d’étude qui ont provoqué le plus d’émission. Cela s’explique par le fait que les terrains d’étude (Égypte, Grèce, Turquie...) sont plus éloignés et nécessitent donc de s’y rendre en avion.

Les achats représentent eux 27% du bilan. Les deux thèmes majeurs d’émission sont la vie du laboratoire (restauration avec traiteurs, fournitures de bureau) et le matériel relatif aux missions (carottage, drones). Cela illustre bien le cœur de métier du laboratoire.

La restauration (prestations traiteur) est un poste important car relatif à l’alimentation qui mobilise des pratiques très émettrices. À l’inverse, certains achats comme les fournitures bureau par exemple, sont un investissement qui se rentabilise dans le temps.

Les bâtiments sont une source d’émissions non négligeable avec au total 21.09 t eCO2 émises. Le poste le plus émetteur est celui du chauffage. Il faut néanmoins garder en tête qu’il y a plusieurs sites au sein du laboratoire, ce qui augmente le total des émissions.

Le volet construction concerne uniquement le bâtiment Chevreul (Lyon3), l’UJM et l’ENS. Au-delà de 50 ans d’ancienneté, le coût de la construction des bâtiments est considéré comme rentabilisé.

Enfin, le matériel informatique a été distingué des autres achats lors de la réalisation du bilan car le logiciel GES 1point5 prend en compte le coût de construction de ce type de matériel (extraction de terre rares, traitements chimiques, recyclage compliqué en fin de vie…). 

On remarque que la production d’écrans est particulièrement polluante puisque 5 écrans émettent quasiment autant que 10 PC portable.

Lors de la réalisation du bilan carbone les déplacements domicile-travail et l’alimentation lors des journées de travail ont été évalués avec un questionnaire généré automatiquement par le logiciel GES 1point5. Pour les déplacements domicile-travail, on remarque que la plupart des déplacements ont été réalisés grâce à des mobilités douces (vélo, marche) ou en transports en commun.

La distance parcourue en train est la plus importante car ce sont des trajets plus grands et réalisés plus fréquemment. Les émissions de ces trajets sont elles aussi conséquentes car ils ont lieu tous les jours. On remarque que la voiture n’était pas le mode de déplacement qui est le plus utilisé pourtant ses émissions sont largement au-dessus des autres : 

En conclusion, ces résultats sont un ordre de grandeur car plusieurs critères n’ont pas pu être évalués dans le détail. Ils permettent néanmoins de réfléchir à des stratégies bas carbone en ciblant les postes les plus émetteurs.

C’est dans cet objectif que des préconisations ont été élaborées. Un questionnaire a permis de développer ces préconisations en prenant en compte le fonctionnement du laboratoire et le travail de ses membres. Les préconisations reprennent les différents domaines évalués dans GES 1point5 :

Les missions

  • Limiter les vols avec escales
  • Encourager les déplacements en train en Europe Occidental ou avec une limite de durée (<5h)

Le numérique

  • Sensibilisation sur les pratiques
  • Développer l’usage de matériel reconditionnés (notamment pour les écrans qui sont extrêmement polluant)

Les achats

  • Quel avenir des goodies ?
  • Intégrer les écolabels dans les marchés

Déplacements domicile-travail

  • Développer une plateforme de covoiturage
  • Forfait mobilités durables 

Ces préconisations seront approfondies lors des prochaines réunions du groupe Transition Écologique et proposées lors du conseil de laboratoire. 

Le bilan devra être refait régulièrement pour voir les améliorations.