Mission pour l'étude des carrières d'albâtre d'Hatnoub (IfAO-HiSoMA, Université de Liverpool), Mission HiSoMA
L’exploitation des ressources, les moyens techniques et technologiques mis en œuvre, mais aussi la vie et l’histoire des communautés liées sont au cœur de la Mission pour l’étude des carrières d’albâtre d’Hatnoub (dir. Y. Gourdon, Ifao-Lyon 2/HiSoMA et Roland Enmarch, Université de Liverpool), qui s’intéresse principalement à la carrière P d’Hatnoub, à ses inscriptions rupestres ainsi qu’aux installations qui en dépendent.
La carrière P, centre d’extraction d’albâtre calcite dans la région d’Hermopolis entre l’Ancien et le Moyen Empire est au cœur d’un vaste réseau de voies antiques reliant à la fois les carrières entre elles et les carrières au Nil. La carrière P se présente sous l’aspect d’une gigantesque excavation à ciel ouvert, remplie de débris. Une descenderie, longue d’une centaine de mètres, s’ouvre sur un cirque ovoïde profond d’une vingtaine de mètres : ce cirque constitue la partie principale de la carrière d’où l’albâtre était extrait.
Réparties en différents secteurs de la carrière, les inscriptions présentent une grande variété, tant dans leur réalisation que dans leur contenu. Elles sont soit incisées, gravées et/ou peintes à l’encre rouge, inscrites en hiératique ou en hiéroglyphes. Leur contenu va de la simple représentation anonyme d’un personnage, à des panneaux affichant le protocole d’un roi, aux récits développés d’expéditions en passant par des autobiographies idéalisées d’un individu. La mission, par l’application de nouvelles technologies au relevé épigraphique, a permis de découvrir près de cent cinquante inscriptions, qui s’ajoutent à la soixantaine déjà connues et dont la lecture a été parfois considérablement améliorée.
Les travaux de dégagement de ces inscriptions, notamment dans la partie haute de la descenderie, ont mis au jour un système de halage des blocs exceptionnel comprenant une rampe centrale bordée de deux escaliers, tous trois taillés dans le substrat rocheux. Par endroits, ces marches sont pourvues d’imposants trous de poteaux associés à des encoches basses et hautes aménagées dans les parois. Le tout constituait un ingénieux système de fixations fait d’étais de bois qui permettait d’assurer la stabilité des poteaux et éviter qu’ils ne chassent sous l’action des haleurs. Ce système de halage, contemporain des grandes pyramides de Giza et qui aurait pu avoir servi à leur édification, renouvelle en profondeur les connaissances sur la construction égyptienne antique.
Enfin, en périphérie immédiate de la carrière P, les recherches ont mis au jour une imposante structure en pierre sèche et en partie bordé d’une enceinte. Cet ensemble pourrait appartenir à un vaste complexe lié à l’exploitation de la carrière.
Une exposition, Expéditions en Égypte. Des carrières d’Hatnoub aux grandes pyramides au Musée de St-Romain en Gal (17 juin-6 novembre 2022) a été le point d’orgue de plusieurs actions de valorisation de la recherche (conférences, interviews, visites guidées ; Archéologia hors-série no 36, juin 2022) par Y. Gourdon. Deux maquettes de l’exposition, construites à partir des travaux de Y. Gourdon sur les techniques de transport et de halage des blocs, ont depuis intégré les collections du laboratoire HiSoMA, dans le cadre d’un dépôt du musée de Saint-Romain-en-Gal, et sont désormais exposées dans les locaux de la MOM.
Direction
Roland Enmarch (Université de Liverpool)
