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Paganisme et christianisme dans l’Africa de Pétrarque
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Paganisme et christianisme dans l’Africa de Pétrarque
Séminaire n°1 du projet Affrica, organisé par Mathilde Cazeaux
- Mardi 21 février 2023 - 9h30 à 12h - ENS de Lyon, Site Descartes, salle D4.024
- affiche (.pdf)

« Les Romains, l'Empire et le dessein de Jupiter dans l'Africa de Pétrarque »
Adrian Faure (Sorbonne Université, Rome et ses renaissances)
L'épopée inachevée de Pétrarque s'ouvre sur deux chants qui placent Scipion l'Africain non pas
tant sous le signe de Mars et de la guerre que sous celui du prophétisme et du destin de Rome. Alors
que les ombres de son père et de son oncle lui annoncent sa victoire future sur Hannibal, elles lui
prédisent également l'avenir grandiose que connaîtra Rome notamment sous les premiers empereurs.
Cette prophétie trouve un étrange écho dans celle que prononcera Jupiter en personne (chant VII) à
Rome et Carthage venues en suppliantes pour obtenir sa faveur dans le conflit opposant Hannibal à
Scipion : celle qui sortira victorieuse de cette guerre sera celle qu'il aura choisie pour trône de son
pouvoir. L'allusion à Rome comme siège de l'Eglise chrétienne est évidente, et nous invite à relier la
première prophétie à la tradition augustinienne qui voit dans la Rome antique et dans ses grands
hommes le prototype de l'ecclesia des chrétiens. C'est aussi l'ensemble de la geste de Scipion qu'il faut
relire comme participant au grand dessein de Jupiter : l'avènement de son règne.

« De Virgile à Dante, les Enfers de l’Affrica entre paganisme et christianisme »
Laure Hermand-Schebat (Université Jean Moulin-Lyon 3, HiSoMA)
Le livre VI de l’Affrica, juste après la mort de Sophonisbe, s’ouvre sur le passage obligé de tout
poème épique depuis Homère qu’est la descente aux enfers. C’est le personnage de Sophonisbe elle-
même qui descend jusqu’au Styx. Sur un fond païen inspiré de Virgile (Aeneis VI), le poète dépose de
subtiles touches chrétiennes qui se combinent avec des réminiscences dantesques. Tout comme dans
sa conciliation des philosophies antiques avec le christianisme, Pétrarque ne dessine pas à proprement
parler un syncrétisme, mais propose une tentative de conciliation qui vise à gommer les contradictions
entre paganisme et christianisme. Il est aidé en cela par le poème virgilien qualifié dans l’Epistola II, 10
de « sacré » (v. 14 : Aeneide sacra) et par ses nombreuses interprétations allégoriques et chrétiennes,
développées dans l’Antiquité tardive et tout au long du Moyen Âge. C’est d’ailleurs dans la Senilis IV,
5 que Pétrarque reprend et réélabore cette lecture allégorisante et christianisante de Virgile.