
Séance du séminaire NHOMA. Nommer les hommes dans les mondes anciens
- mardi 28 janvier 2025 - 17h à 19h - salle Reinach - 4e étage - MOM - entrée par le 86 rue Pasteur - Lyon 7e
Présentation par Alain Blanc (Université de Rouen / ERIAC)
À côté des anthroponymes grecs analysables, il y en a qui restent obscurs. On peut penser a priori qu’ils sont d’origine grecque, mais qu’ils ont subi des altérations morphologiques ou phonétiques qui empêchent de distinguer leur structure. Dans cette séance, nous nous demanderons si les anthroponymes présentent les mêmes règles de formation que les appellatifs et s’ils suivent les mêmes évolutions phonétiques, ou s’ils peuvent présenter des particularités propres, dues soit à leur statut particulier de nom personnel, soit à l’archaïsme de noms qui, même s’ils n’étaient pas directement héréditaires, se transmettaient souvent de génération en génération par tradition familiale.
D’abord, grâce au nom béotien Πουρεινίδας, nous porterons notre attention sur la morphologie et nous rappellerons que parmi les anthroponymes grecs il peut se trouver d’anciens noms de métiers devenus noms propres. Nous montrerons ensuite que la structure phonétique de l’anthroponyme Ἀπριχίδας est tout à fait régulière et qu’elle amène à revoir la structure phonétique de la famille du verbe φρίσσω « être hérissé ». En étudiant le nom thessalien Αὐρογίουν, on rappellera qu’il faut avoir le réflexe de faire intervenir la phonétique dialectale, ce qui oriente vers la famille du verbe ῥήγνυμι et son aoriste passif ῥαγῆναι. Enfin, nous nous interrogerons sur la structure des noms Σήμανδρος et Σαμόλας et nous proposerons de les expliquer par un accident phonétique auquel les linguistes ont très peu souvent recours, l’haplologie. Avec ces différents exemples, nous espérons montrer que les anthroponymes suivent bien les mêmes processus d’évolution que les appellatifs et que les difficultés rencontrées dans l’analyse de certains d’entre eux proviennent souvent de notre timidité à reconnaître une structure morphologique rare ou à accepter l’action du changement phonétique.