Aller au contenu principal
Les monastères de l’Adriatique orientale dans le contexte méditerranéen, de saint Jérôme à Grégoire VII
Image colloque MONACORALE 2025

Colloque international organisé par Sébastien Bully, Morana Čausević-Bully, Pascale Chevalier, Stéphane Gioanni et Vivien Prigent
Programme ANR MONACORALE
- 5 au 8 mars 2025 - École française de Rome - Piazza Farnese, 67 - 000186 Roma - Italia 
- affiche et programme complet (.pdf)

L’origine et la diffusion du monachisme sur la côte orientale de l’Adriatique (Croatie actuelle) entre l’Antiquité tardive et le XIe siècle ont longtemps été négligés par les médiévistes ou au contraire surévalués par l’historiographie ecclésiastique ou croate. La difficulté principale réside dans les carences de la documentation textuelle qui ne permettent pas toujours de reconnaître des monastères ou contredisent la vocation monastique de certains « complexes ecclésiaux » documentés par l’archéologie, parfois depuis des décennies. Cette difficulté soulève en fait le problème de la définition du terme « monastère », tant l’acception de ce terme français recouvre des réalités topo-architecturales et lexicales différentes en fonction des périodes et des lieux.

Au terme du programme ANR MONACORALE (2021-2025) « Histoire et archéologie des monastères et des sites ecclésiaux d'Istrie et de Dalmatie (IVe-XIIe siècle) », le colloque international organisé à Rome en mars 2025 se propose de présenter à la communauté scientifique une partie des résultats obtenus à la fois par une lecture archéologique renouvelée des « complexes ecclésiaux » de la côte et des îles croates, et par l’étude croisée des sources matérielles et de la documentation textuelle (épigraphique, archivistique, hagiographique et littéraire).

S’appuyant, notamment, sur de nouvelles études de terrain, ce dialogue pluridisciplinaire permettra d’examiner à nouveaux frais les principales questions de l’historiographie monastique en Croatie, en revisitant les origines, l’organisation, les influences, les réseaux, la culture, les fonctions et les représentations du monachisme dans l’espace maritime croate, des premiers témoignages de saint Jérôme jusqu’à la fin du XIe siècle. Il s’agira ensuite de mettre en perspective le paysage monumental « ecclésiastico-monastique » dalmate et istrien dans un plus large contexte adriatique et méditerranéen. Convoitée durant le haut Moyen Âge par toutes les puissances de l’Adriatique (Byzantins, Carolingiens, Vénitiens, Slaves, Normands, papauté), la Dalmatie historique était devenue à partir du IXe siècle une province administrative de l’empire byzantin où cohabitaient des Latins, des Dalmates hellénophones et des Slaves. L’étude des fondations bénédictines insulaires et côtières, et de leur rôle dans la société dalmate en mutation est donc un observatoire idéal pour analyser une nouvelle forme de romanisation dans une région que la papauté considérait comme une porte d’entrée vers l’espace byzantin, les Balkans et l’Europe centrale.

Cette réflexion collective, qui prendra en considération de nombreuses sources inédites et fera une place importante à la comparaison avec d’autres régions européennes, démontrera l’intérêt de l’Adriatique orientale pour l’histoire de l’Italie et de la Méditerranée connectées. Elle permettra enfin de confronter les historiographies nationales autour de questions encore très discutées : la définition de la réforme dite « grégorienne », la rupture progressive entre Rome et l’Orient byzantin, ou encore la construction de l’autorité pontificale en Méditerranée.