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2021-2025/c3-dendara

[Projet scientifique Axe C | Espaces, villes et sociétés |  Le sacré en mutation]

Dendara, sanctuaires et nécropoles

Porteurs scientifiques

Lilian Postel, PR Lyon 2
Sylvain Dhennin, CR CNRS
Sibylle Emerit, CR CNRS

Partenaires institutionnels extérieurs

IFAO
• IRAMAT-LMC UMR 5060
• IRCAM UMR STMS 9912 CNRS/Sorbonne Université
• Archéovision UMS SHS 3D 3657

Principaux collaborateurs scientifiques extérieurs

Rémy Chapoulie (physique en archéométrie, IRAMAT-CRP2A, UMR 5060 Université Bordeaux Montaigne & Archeovision)Dorothée Elwart (égyptologue, chercheuse associée EPHE PSL)
Joachim Le Bomin (archéologue, chercheur associé à HiSoMA
Pascal Mora (ingénieur image 3D, Archeovision, UMS SHS 3D 3657)
Stéphanie Porcier (égyptologue, archéozoologue, chercheuse associée à HiSoMA)
Olivier Warusfel (acousticien, responsable de l’équipe «espaces acoustique et cognitifs», UMR STMS 9912 – IRCAM/CNRS/Sorbonne Université)
Pierre Zignani (architecte-archéologue, CNRS IRAMAT UMR 5060)

Résumé du projet
Le projet « Dendara, sanctuaires et nécropoles » vise à contribuer à une meilleure connaissance de l’espace urbain de Dendara, ville de Haute Égypte qui a conservé un rôle majeur dans le paysage politique et religieux depuis le IIIe millénaire jusqu’à la fin de l’époque romaine. 

Il réunit plusieurs opérations pilotées par des membres d’HiSoMA, en étroite collaboration avec l’IFAO. Ces opérations s’inscrivent elles-mêmes dans le cadre du programme Dendara métropole mené sous l’égide de l’IFAO (resp. P. Zignani, CNRS, IRAMAT-LMC, UMR 5060) et viennent renforcer le partenariat établi depuis quelques années entre nos deux institutions. Elles compléteront les travaux effectués depuis plusieurs années par les équipes de l’IFAO dans le téménos d’Hathor et par les équipes partenaires dans les quartiers urbains extra-muros (Oriental Institute, Chicago) et dans la nécropole civile (Macquarie University, Sydney). Il s’agit d’un projet global mis en œuvre dans l’un des sites les mieux conservés d’Égypte qui offre la rare opportunité d’une étude exhaustive et diachronique d’une métropole et de son territoire sur le temps long à travers l’évolution du tissu urbain par rapport à l’espace sacré et aux secteurs funéraires. Cette étude permet également d’allier dans une complémentarité optimale des sources textuelles abondantes et d’époques diverses – inscriptions privées, monuments royaux, compositions théologiques – à des vestiges archéologiques particulièrement bien préservés. À terme, c’est donc bien à l’écriture d’une histoire circonstanciée de la ville de Dendara que participera le programme porté par HiSoMA.

Celui-ci se déclinera principalement en trois actions de terrain :

• Fouille et étude du secteur nord-ouest du téménos d’Hathor (L. Postel) ;
• Le temple comme espace sensoriel (S. Emerit) ;
• Fouille de la nécropole des animaux (S. Dhennin).

• Fouille et étude du secteur nord-ouest du téménos d’Hathor (L. Postel)
Depuis 2017-2018 ont été engagées, sous la responsabilité conjointe de L. Postel et de A. Pillon (IFAO), des fouilles dans le secteur nord-ouest du téménos d’Hathor à Dendara, immédiatement à l’ouest du « sanatorium ».

L’objectif initial était de dégager les fondations de la chapelle de Montouhotep II (XIe dynastie, v. 2055-2004) et de documentation le contexte archéologique de ce petit monument dont les parois décorées, découvertes en 1916 par les sebbakhin, sont aujourd’hui conservées au musée du Caire. Il s’agit du plus ancien monument cultuel encore en place dans le téménos d’Hathor. Les textes et le décor de la chapelle doivent eux-mêmes faire l’objet d’une nouvelle publication dans le cadre du « Corpus d’épigraphie thébaine » codirigé par L. Postel et A. Pillon (IFAO/HiSoMA). Les premières campagnes ont permis d’atteindre ponctuellement des niveaux des IIe et IIIe dynasties (v. 2850-2650) et de mettre en évidence, malgré les perturbations liées à l’exploitation du sebbakh au début du XXe s., une stratigraphie partielle remontant au début de l’occupation du site.

 L’ouverture d’un sondage au sud de l’emplacement de cette chapelle révélé en novembre 2018 une petite structure carrée jusque-là inconnue. Elle est constituée d’une assise de blocs de grès provenant de piliers d’une chapelle dédiée par Thoutmosis III (XVIIIe dynastie) à une forme spécifique de la déesse Hathor (nbt pr-wr). Ces blocs décorés ont été remployés par la suite pour former le radier d’un petit édifice ouvrant à l’ouest par un porche à deux colonnes. Si les environs immédiats ont été largement décaissés par les sebbakhin, un épais mur de briques au-dessous de ce dallage et des niveaux encore place pourraient remonter au IIIe millénaire d’après le matériel céramique résiduel.

Dans le cadre du quinquennal 2021-2025, les travaux – prospections, nettoyages et fouilles – s’élargiront à une aire délimitée par le mammisi romain au nord, le lac sacré et la nouvelle chapelle de Thoutmosis III au sud, la basilique, le mammisi de Nectanébo et le « sanatorium » à l’est et enfin le tronçon nord-sud de l’enceinte dite intermédiaire à l’ouest. Il s’agira de mieux comprendre comment la chapelle de la XIe dynastie et peut-être celle de la XVIIIe dynastie se sont insérées dans ce secteur du téménos encore en grande partie recouvert par les déblais vallonnés des sebbakhin qui nuisent à la lisibilité de sa topographie et, plus largement, dans le paysage monumental tentyrite depuis l’époque pharaonique jusqu’à l’époque romaine. De ce secteur émergent plusieurs structures dont seules quelques-unes ont fait l’objet d’une étude approfondie, comme la « chapelle de la barque » d’époque ptolémaïque. La présence de cette dernière pourrait signaler l’existence de parcours processionnels dans cette partie du téménos, tout comme celle des chapelles de Montouhotep II et de Thoutmosis III, éventuellement en direction de la nécropole qui s’étend au sud du temple. Il appartiendra enfin de déterminer plus précisément, par l’analyse du contexte stratigraphique connexe, la date de l’ « enceinte intermédiaire » qui bornait ce secteur, à environ 25 m à l’ouest de la chapelle de Montouhotep II, jusqu’à la construction de la grande enceinte ptolémaïque en briques qui circonscrit aujourd’hui encore le site archéologique. Cette enquête se rattache à des problématiques plus globales sur la topographie et la structuration progressive du téménos d’Hathor que la mission de Dendara développera au cours des prochaines années.

• Le temple comme espace sensoriel (S. Emerit)
Le site de Dendara est un lieu majeur pour étudier les processions et les pratiques religieuses en lien avec le son à l’époque ptolémaïque et romaine. Dans un état de conservation exceptionnel, le temple et ses édifices permettent une mise en relation entre rituels et espaces. Hathor, « déesse de la musique », y était vénérée au son des sistres, colliers-menit, tambourins, harpes et luths, sans oublier les diverses manifestations vocales. La décoration des salles du temple principal, mais aussi celles des mammisis (lieux de naissance) et des chapelles osiriennes (lieux de mort et de renaissance), permettent d’observer des musiciens à l’œuvre dans certains espaces, ainsi que des danseurs, tandis que les textes nous renseignent sur la façon dont les sens étaient sollicités dans le culte.

S. Emerit s’est engagée, depuis 2017, dans un projet d’archéo-acoustique du pronaos ou « salle des fêtes » du temple principal, dont les bases des colonnes sont ornées d’une multitude de musiciens. Ces reliefs ont clairement été conçus en fonction de la perception visuelle et sonore de cet espace rituel. En collaboration avec Dorothée Elwart (EPHE), elle a amorcé une étude du vocabulaire sonore et sensoriel mentionné dans les textes gravés dans le pronaos, tandis qu’une étude de l’acoustique de cette salle est en cours en collaboration avec l’IRCAM. En fonction des résultats, l’objectif, à plus long terme, est d’établir une topographie sonore et sensorielle de l’ensemble du site de Dendara. À partir des monuments du site et des textes, une réflexion sur les axes processionnels au sein du temple et à l’extérieur sera menée avec l’ensemble des membres de l’équipe. En plus de l’étude des textes et de la découverte éventuelle de nouveaux documents in situ à l’occasion des fouilles en cours, une recherche dans les archives de l’IFAO et les publications tentera de rassembler l’ensemble des objets découverts sur le site qui témoignent des pratiques rituelles (sonores, visuelles et olfactives) à Dendara.

• La nécropole des animaux (S. Dhennin)
Le secteur de la nécropole des animaux, situé au sud-ouest du téménos et de la nécropole humaine, à l’extrémité préservée du site, est l’un des moins bien connus de Dendara. La nécropole a fait l’objet d’une évaluation par Fl. Petrie à l’extrême fin du XIXe s., qui a montré la présence de catacombes, composées de deux bâtiments, dont la chronologie est mal connue mais qui pourrait s’étendre de l’époque saïte à l’époque ptolémaïque (une première prospection de surface a montré également la présence majoritaire de céramique byzantine qui reste à comprendre). Le premier bâtiment, le plus au nord, est le plus développé. Il est constitué d’un couloir principal orienté plus ou moins nord-sud, comme le sanctuaire, et flanqué de chambres rectangulaires. Au sud de ce couloir, un autre, perpendiculaire au premier, ouvre également sur des chambres, vers le sud. La deuxième partie possède un plan plus ramassé, rectangulaire et composé de seize chambres. Les premières observations zoologiques ont montré la présence de plusieurs espèces, chiens et oiseaux notamment. Autour de ce bâtiment bien identifié, une large zone inexplorée ne semble jamais avoir subi de perturbations.

L’objectif principal d’un nouveau programme de recherche sur ce secteur du site est d’en étudier l’insertion dans le schéma global de l’urbanisme de Dendara et de définir les relations spatiales et cultuelles avec le sanctuaire. Plusieurs opérations sont envisagées :
- nettoyage et évaluation des catacombes, avec étude zoologique, pour déterminer le faciès des inhumations animales ;
- fouille des abords des catacombes, pour déterminer le fonctionnement général de l’édifice et apporter des données nouvelles sur l’organisation des cultes aux animaux ;
- recherche d’un axe de circulation nord-sud, vers le sanctuaire ;
- prospection et évaluation du secteur alentour ; totalement inexploré, il est nécessaire de définir son occupation et sa chronologie, en lien avec les catacombes animales ; en fonction des crédits, une prospection magnétométrique préliminaire est envisagée, en complément de la prospection pédestre et du relevé topographique.

Types d'opérations
-
chantiers archéologiques
– missions d’étude à Dendara et aux archives de l’IFAO
 
Principales publications et actions de valorisation
– monographies
– publications de sources