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Épigraphie grecque et latine | 2021-2022
Séminaire de recherche du laboratoire organisé par Julien Aliquot (CNRS) et Patrice Faure (Lyon 3)
Un mardi par mois de 17h à 19h, salle 410, Maison internationale des langues et cultures (MILC) de l’Université de Lyon, 35 rue Raulin, Lyon 7e
L’épigraphie consiste en l’étude des textes inscrits sur des supports imputrescibles (pierre, métal, céramique, etc.). À la croisée de l’histoire et de l’archéologie, elle est indispensable à notre connaissance des mondes anciens. La forte implication d’Hisoma dans cette discipline remonte à la volonté de Jean Pouilloux, fondateur de la Maison de l’Orient, de créer à Lyon un pôle de recherches majeur dans le champ des études épigraphiques. Aujourd’hui, l’engagement du laboratoire est autant le fruit de travaux sur les archives des différents projets que d’opérations de terrain conduites de l’Europe à l’Asie du Sud-Est, en passant par la Grèce, l’Égypte et le Proche-Orient.
Le séminaire d’épigraphie grecque et latine est conçu comme le point de rencontre de ces activités. Il se poursuit de manière régulière depuis sa renaissance en 2014, à raison d’une séance par mois. Des invités extérieurs y contribuent à part égale avec les chercheurs et les doctorants du laboratoire. Inscrit au programme du master Mondes anciens de Lyon, le séminaire est non seulement un espace de discussion autour de l’édition de documents connus ou inédits, mais aussi l’un des lieux d’expérimentation et de réflexion sur l’évolution en cours des pratiques éditoriales dans le domaine des humanités numériques
● 21 septembre 2021
Nouveautés épigraphiques du Kosovo (I) : la statio de beneficiarii de Vendenis
Elvis Shala, Institut d’archéologie de Prishtina (Kosovo), Dan Dana, CNRS, Hisoma
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Au sud de la province romaine de Mésie Supérieure, le site de Vendenis (aujourd’hui Gllamnik/Glavnik, au Kosovo) n’était connu que par les trouvailles fortuites de dédicaces à la Dea Dardanica. Des fouilles archéologiques menées en 2017 ont dégagé une partie d’un temple de type gallo-romain, avec les restes de trois autels consacrés à cette déesse, confirmant ainsi l’identité de la divinité titulaire du sanctuaire. Des dédicaces plus ou moins complètes émanant de beneficiarii consularis témoignent par ailleurs de l’existence d’une statio sur l’une des routes qui traversaient la Dardanie. Cette intervention est la première d’une série dédiée aux nouveautés épigraphiques du Kosovo (inédits et relectures d’inscriptions récemment publiées).Au sud de la province romaine de Mésie Supérieure, le site de Vendenis (aujourd’hui Gllamnik/Glavnik, au Kosovo) n’était connu que par les trouvailles fortuites de dédicaces à la Dea Dardanica. Des fouilles archéologiques menées en 2017 ont dégagé une partie d’un temple de type gallo-romain, avec les restes de trois autels consacrés à cette déesse, confirmant ainsi l’identité de la divinité titulaire du sanctuaire. Des dédicaces plus ou moins complètes émanant de beneficiarii consularis témoignent par ailleurs de l’existence d’une statio sur l’une des routes qui traversaient la Dardanie.
Cette intervention est la première d’une série dédiée aux nouveautés épigraphiques du Kosovo (inédits et relectures d’inscriptions récemment publiées).
● 12 octobre 2021 - salle André Bollier - MSH LSE - 14 avenue Berthelot - Lyon 7e - séance hybride - lien webinaire
La procession des obrimades et le culte de Leucothéa à Itanos à l’époque hellénistique
Alcorac Alonso Déniz, CNRS, Hisoma
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La cité d’Itanos, à l’extrémité nord-orientale de l’île de Crète, a suscité dans les dernières années un regain d’intérêt chez les archéologues. Grâce aux fouilles reprises en 1994, la reconstitution de plusieurs espaces urbains (port, remparts, nécropole, etc.) a été profondément révisée. Cette séance est consacrée à l’analyse de l’une des découvertes épigraphiques les plus remarquables des récentes campagnes. Il s’agit d’une stèle, découverte en remploi dans le quartier d’habitation d’époque protobyzantine, contenant plusieurs documents de basse époque hellénistique : une épigramme votive en deux distiques, un catalogue de treize femmes (dont une prêtresse) et une brève disposition finale stipulant l’ordre des participantes dans un cortège sacré. Premier témoignage direct d’un téménos crétois consacré à Leucothéa, la nouvelle inscription apporte aussi des informations inédites sur les pratiques cultuelles grecques associées à cette divinité.
● 16 novembre 2021
Le projet EpiCherchell et l’armée romaine dans les inscriptions de Césarée de Maurétanie
Dan Dana, CNRS, Hisoma, Patrice Faure, Lyon 3, Hisoma
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L’épigraphie de Césarée de Maurétanie (Cherchell, Algérie) dépasse le millier d’inscriptions et se présente comme l’une des plus fournies des provinces romaines d’Afrique du nord.
Elle fait l’objet d’un travail collectif initié par Philippe Leveau, professeur émérite d’archéologie romaine à l’université d’Aix-Marseille, et fondé sur l’exploitation de ses archives personnelles. Son objectif est d’aboutir à la mise en ligne de l’ensemble des inscriptions dans une banque de données épigraphique (EpiCherchell) et à la parution en plusieurs volumes imprimés du corpus des ICaesMaur. L’épigraphie de Césarée se compose notamment d’un important dossier d’inscriptions en rapport avec l’armée romaine (outre quelques textes relatifs à l’armée des rois de Maurétanie, Juba II et Ptolémée).
Le séminaire visera à donner un aperçu général de la richesse quantitative (environ 130 textes, de la période royale au début du IVe siècle) et qualitative de ce dossier militaire (diplôme militaire, inscriptions de légionnaires, d’auxiliaires, de marins, d’officiers supérieurs, d’officiers subalternes et de simples soldats). Les données épigraphiques, parfois assorties d’une iconographie remarquable, permettent d’aborder d’importantes problématiques historiques relatives à l’activité de l’armée et à la vie des soldats romains dans la région (ville de garnison, port militaire, mobilité des soldats, recrutement, environnement social, rapports avec la société locale…).
Le séminaire proposera aussi une approche plus particulière de quelques textes, pour certains peu connus, dont on peut proposer de nouvelles lectures ou de nouvelles interprétations.
● 7 décembre 2021
Le corpus des dédicaces de Delphes : problèmes et perspectives
Julien Faguer, École française d’Athènes, ArScAn
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La préparation d’un nouveau fascicule du Corpus des Inscriptions de Delphes, destiné à réunir l’ensemble des dédicaces du sanctuaire d’Apollon et du territoire de la cité (CID VII), donne l’occasion de mettre en série ces textes et leurs monuments.
Renouvelée par les travaux des dernières décennies sur les offrandes monumentales et la statuaire honorifique, l’édition de ces inscriptions suppose à la fois une réflexion sur l’évolution des formulaires, indissociable du classement chronologique des documents dans le corpus en préparation, et une enquête sur leur contexte topographique et architectural, souvent difficile à reconstituer dans un site bouleversé par une occupation continue jusqu’à la fin du XIXe siècle.
En se concentrant ici sur les bases de statue d’époque hellénistique, on tentera de montrer ce que la mise en série de documents en apparence secondaires peut apporter aussi bien à l’établissement des textes qu’à la reconstitution des logiques de promotion sociale et politique, dans un sanctuaire où les consécrations de cités et de confédérations côtoient celles des notables locaux.
● 11 janvier 2022
L’église de la Mère de Dieu à Tyr : topographie et épigraphie
Pierre-Louis Gatier, CNRS, Hisoma
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Dans l’Antiquité tardive, l’église de la Théotokos, la « Mère de Dieu », occupe une place majeure dans l’histoire de la cité de Tyr, métropole de la province de Phénicie Première. Son emplacement est discuté.
Le séminaire présentera les inscriptions grecques qui la concernent et analysera principalement une dédicace méconnue gravée sur un objet insolite, un élément de porte en bronze. À la lumière des résultats des campagnes archéologiques conduites récemment à Tyr et à l’aide de textes littéraires ou documentaires, dont les Actes du synode provincial de 518, les questions de topographie urbaine seront exposées avec de nouvelles propositions d’identification.
● 1er février 2022
L'inscription d'asylie de l'église Saint-Jean Baptiste à Damas
Julien Aliquot, CNRS, Hisoma
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Une inscription grecque découverte à Damas en 1909 se rapporte à l’octroi du droit d’asile à la cathédrale de cette cité à l’époque protobyzantine. Elle a été publiée par Noël Giron, agent consulaire français en poste en Syrie avant la Première Guerre mondiale, avec l’aide du père Louis Jalabert, fondateur du programme des Inscriptions grecques et latines de la Syrie (IGLS), alors que ce dernier se trouvait en Angleterre.
La correspondance du savant jésuite apporte des informations inédites sur sa contribution à l’édition du texte, pour laquelle il avait sollicité le concours du byzantiniste Gabriel Millet. L’inscription, conservée au Musée national syrien, fera ici l’objet d’une nouvelle édition. Son étude soulève la question de l’étendue du périmètre protégé par le droit d’asile. Elle permet par ailleurs de s’interroger sur la présence éventuelle à Damas, dans le quartier de l’église Saint-Jean-Baptiste, d’une prison placée sous le regard du métropolite de la province ecclésiastique de Phénicie Libanaise dans l’Antiquité tardive.
● 8 mars 2022
Épigraphie et tradition antiquaire à Narbonne
Cyril Courrier, Aix-Marseille Université, Institut universitaire de France
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À Narbonne, l’histoire de l’épigraphie est intimement liée à celle de ses remparts modernes. Édifiés à partir de 1495, ces derniers avaient en effet été ornés des pierres romaines retirées des enceintes précédentes. Ils firent de ce fait l’admiration des voyageurs et le délice des érudits. Cette fascination explique l’ancienneté, la richesse, la continuité et la diffusion de la tradition antiquaire de Narbonne. Or, l’étude des manuscrits que ces « curieux d’antiquités » ont laissé revêt d’autant plus d’importance que, lors du démantèlement des murailles à la fin du XIXe s., de nombreux monuments ont été perdus ou détruits. Aujourd’hui, ce sont plus de 400 tituli qui ne sont connus que par copie dans la capitale de l’antique Prouincia.
Parmi les érudits de Narbonne, deux individualités ressortent tout particulièrement : celle de P. Garrigues, consul de la ville en 1604 et ingénieur royal, d’une part, celle de G. Lafont, consul à trois reprises, mais aussi inspecteur des travaux de la province de Languedoc, d’autre part. Outre le fait qu’ils ont travaillé ex lapide, ils fournissent des dessins de qualité et, surtout, localisent précisément les pierres sur le rempart, les unes par rapport aux autres. Aussi, malgré le remarquable travail réalisé par Hirschfeld (au CIL) et Lebègue (dans l’HGL) à la fin du XIXe s., un nouvel examen peut conduire à une amélioration de l’établissement des textes et à l’esquisse, au moins en certains cas, de contours d’un contexte originel. Un troisième point peut enfin concerner les pierres vues par les antiquaires, perdues au moment de la réalisation des grands corpora, puis retrouvées entre-temps. Elles confirment tout l’intérêt de revenir au codex.
● 5 avril 2022
Le personnel civil et militaire du palais impérial à Rome au Ve siècle à la lumière des inscriptions funéraires chrétiennes
Maxime Emion, Université Savoie Mont Blanc
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Malgré la préférence souvent affichée des Augustes pour d’autres capitales comme Milan ou Ravenne, de récents travaux ont mis en évidence le maintien de l’importance de Rome comme résidence impériale dans l’Antiquité tardive. Ce constat invite à regarder de plus près un ensemble d’épitaphes de fonctionnaires palatins et de membres de la garde impériale publiées dans les Inscriptiones Christianae Urbis Romae. Au point de vue méthodologique, ce corpus qui offre un précieux témoignage sur l’entourage impérial s’avère difficile à circonscrire en raison d’une terminologie parfois commune entre institutions de l’État romain et organisation ecclésiastique. Tout aussi problématique est la question de la date de ces inscriptions qu’il semble toutefois raisonnable de placer pour la plupart dans le courant du Ve siècle.
Reflétant la prépondérance de Saint-Paul-Hors-les-Murs comme lieu d’inhumation de préférence des personnels du palais, ce corpus se prête aussi à des comparaisons avec des inscriptions découvertes dans d’autres capitales impériales de l’Antiquité tardive.
● 10 mai 2022
Une nouvelle analyse de l’inscription de Tégée IG V.2, 3 : l’organisation spatiale d’une panégyrie
Christophe Chandezon, Université de Montpellier 3
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Une inscription découverte en 1888 près du temple d’Aléa à Tégée (vers 400-380 av. J.-C.) pose de considérables problèmes de compréhension, liés notamment au dialecte arcadien qu’elle emploie et à des formulations elliptiques. Il s’agira ici de revenir à ce texte en proposant, selon une piste déjà envisagée par Madeleine Jost, d’y voir un règlement de panégyrie et de comprendre comment on gérait les environs d’un sanctuaire.
Les fouilles norvégiennes des terrains proches du lieu de culte, publiées en 2014, offrent en effet la possibilité d’une lecture environnementale du document.
● 7 juin 2022
Épigraphie funéraire et société : le cas de Narbo Martius sous le Haut-Empire romain
Maria Luisa Bonsangue, Université de Picardie
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La riche documentation épigraphique de Narbo Martius, essentiellement funéraire, permet d’avoir un aperçu assez détaillé de la structure des milieux plébéiens de la cité au sein desquels peuvent être facilement identifiés des groupes sous le Haut-Empire romain. L’appartenance à ces derniers est le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs (juridiques, sociaux, économiques). Chacun des groupes repérés se place de façon complexe au sein du microcosme plébéien et semble caractérisé par une relative perméabilité. En bas de l’échelle se situent les esclaves, dont certains peuvent bénéficier d’une position assez importante dans ce monde soumis à l’élite dirigeante. Généralement peu représentés dans l’épigraphie, ils disposent d’une visibilité discrète dans la documentation narbonnaise. Au sommet de la plèbe, se trouvent des individus qui occupent des positions officielles ou semi-officielles dans la cité : les fonctionnaires subalternes de la colonie et les seuiri Augustales. Entre ces deux ensembles existe la catégorie socio-professionnelle des artisans, des commerçants et des petits entrepreneurs urbains, exceptionnellement bien attestés à Narbonne. Dans ce contexte, la découverte récente d’un corpus d’inscriptions provenant de la nécropole de la Robine (au sud-est de la ville actuelle) permet d’enrichir le tableau et d’identifier un autre groupe de plébéiens de bon niveau dont les sources d’enrichissement restent inconnues. Ces derniers ont recours, de manière très inhabituelle à Narbonne, à une typologie funéraire spécifique qui emploie le marbre, matériau noble et coûteux, pour s’auto-représenter. L’ensemble affine notre connaissance des milieux plébéiens narbonnais, particulièrement florissants dans cette capitale provinciale et ce grand port de commerce de la Méditerranée romaine.