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Zoom sur

Jeudi 12 octobre 2017

Lundi 9 octobre 2017, nous étions de pied ferme à l’École internationale du papier, de la communication imprimée et des biomatériaux de Genoble (Pagora, membre du groupe de l’INP de Grenoble) pour une production inédite de papier à estampage. Un papier particulier réalisé uniquement à partir de coton. Ce papier est très utilisé par les spécialistes d’épigraphie grecque lors des missions qu’ils accomplissent pour documenter les inscriptions afin reproduire les textes gravés sur pierre.

Depuis plusieurs mois, le laboratoire HiSoMA cherchait un moyen de fabriquer ce  papier qui ne se trouve pas sur le marché et dont la fabrication représente un investissement financier important pour un laboratoire. Or l’école d’ingénieurs Pagora présentait tous les atouts pour réaliser cette production car disposant d’un laboratoire d’analyse pour caractériser la composition de ce papier (nature des fibres, présence ou non de colle et ou d’additifs, etc.), ainsi que des machines nécessaires au processus de fabrication de papiers en petites quantités pour tests ou expériences, ainsi que d’une disponibilité de ses enseignants et de ses équipes.

Quelques jours avant le Jour J, M. Julien Bras, maître de conférences à l’École et directeur adjoint du laboratoire de recherche LGP2 avait effectué les analyses d’un échantillon du papier à estampage fourni par le laboratoire HiSoMA. Ces analyses ont permis de confirmer que l’école pouvait fabriquer ce papier. Il a été convenu de produire 300kg de pâte à base de pur coton.

A notre arrivée, M. Denis Curtil, enseignant-chercheur chargé des Pilotes Projets & Systèmes (P3S), avait lancé les opérations de raffinage de la pâte, et il a alors engagé le processus de fabrication pour un premier test. Cet échantillon à 80g a révélé un papier trop fin qui se déchirait. Deux autres tests ont  été nécessaires pour obtenir un papier identique au papier de référence. Les tests d’estampage réalisés sur place, sur une plaque avec un texte en latin, ont parfaitement répondu aux caractéristiques attendues et ont conduit à valider la production avec un grammage à 100g/m.

Nous pouvions partir déjeuner, les 300kg de pâte étaient prêts ! Cete pause a permis d’améliorer encore le raffinage de la pâte dans la cuve de brassage.

A13h30, en présence de l’équipe ENS media, la production de papier à estampage a été lancée. La machine a fonctionné 1h30 pour sortir 1 200m de papier. A la découpe, ce métrage donnera plus de 3 600 feuilles !

Une opération parfaitement réussie que nous avons suivie avec beaucoup d’intérêt et de curiosité.

Un grand merci à INP-Pandora pour l’engagement et la réussite de la fabrication du papier, ENS Média pour le tournage de ce moment exceptionnel et à Véronique Chankowski, directrice du laboratoire HiSoMA pour le financement de cette production.
Ce projet a pu voir le jour grâce au soutien financier et logistique de l'Université Lumière Lyon 2, l'ENS de Lyon et l'UDL.

Bruno Helly et Caroline Develay

La journée en images !

Analyse fibre
Analyse de la fibre du papier d’estampage fourni par Hisoma

Cuve de brassage
Cuve de brassage

Hélice de la cuve de brassage
Hélice de la cuve de brassage

Brassage de la pâte
Brassage de la pâte

Test de raffinage
Test de raffinage par D. Curtil (mesure de l’indice d'égouttage : plus une pâte retient l'eau, plus elle est raffinée).

Test de Bruno Helly
Bruno Helly teste la résistance d’un premier échantillon du papier

Essai estampage
Résultat du premier test à 80g, papier trop fragile

Discussion D. Curtil et B. Helly
Discussion entre Denis Curtil et Bruno Helly pour caler le grammage. Ils décident de passer à 100g.

Estampage à 100g
Bruno Helly satisfait de ce nouvel essai à 100g. La production peut être lancée.

Démarrage des machines
Démarrage des machines

Netoyage machine
Nettoyage de la machine

Pâte envoyée dans ces tuyaux
La pâte est envoyée en nappe sur la machine à travers ces tuyaux.

Pâte envoyée sur le tapis
Etape 1 : la pâte gorgée d’eau s’achemine sur le premier tapis à travers lequel l'eau est aspirée.

Bords perdus
Durant cette étape, des jets d’eau coupent les bords extérieurs de la pâte, les « bords perdus ».


Etape 2 : essorage
Étape 2 : la pâte passe sur ce deuxième tapis « buvard » qui l'essore. A ce stade, le papier prend forme.

Etape 3 : sechage
Étape 3 : le papier sèche en passant à travers ces rouleaux chauffés à 120°. Cette machine date de 1907 !

Contrôle du circuit
Contrôle du circuit de production du papier

Rouleau
Dernière étape : la réception du papier sur le rouleau terminal et bobinage.

Bobine
Bobine de papier en cours de production

1200m de papier
Fin de la production : 1 200 mètres de papier à estampage. Ce papier sera ensuite envoyé à la coupe afin d'obtenir 3 600 feuilles de 60 x 40.

Champagne !
A la fin de cette journée exceptionnelle, un moment de convivialité et de remerciements.

Crédits photo © Caroline Develay, service communication, MOM

Mercredi 13 septembre 2017

Into the Eastern Desert of Egypt from the New Kingdom to the Roman period

Vue générale du cœur du désert Oriental, région de Samut (© MAFDO)

Le désert est un paradoxe : qu’on souligne son aridité ou ses richesses, son attractivité ou son caractère effrayant (y vivre consiste à expérimenter « une mort vivante » selon Lawrence d’Arabie, ce qui n’empêche pas certains d’avoir « la vocation du désert » tel W. Thesiger), on ne peut y faire face seul. En ce sens, le désert est un espace social de solidarités imbriquées. Le désert oriental égyptien, situé entre le Nil et la mer Rouge, est l’un de ces déserts ambivalents : difficile à traverser et avare en eau, c’est aussi un espace recherché, riche en ressources naturelles, porte vers la mer Rouge et partant, vers l’Arabie du sud, la Corne de l’Afrique et l’Inde.

carte des sites fouillés dans le désert Oriental (© B. Redon)

La région est explorée par les aventuriers, les savants, auxquels ont succédé les archéologues, depuis près de 300 ans. Ses vestiges antiques sont admirablement bien préservés : stations/caravansérails, villages de mineurs, grandes carrières impériales, temples, abris sous roche, etc. Ses caractéristiques sont évoquées par de nombreuses sources écrites (traités géographiques, historiques, itinéraires antiques) et elle a elle-même la particularité d’avoir a livré des textes en grand nombre, sous la forme de tessons de poterie inscrits, les ostraca, dont la conservation est favorisée par les conditions géographiques et climatiques de la région. Contrairement aux papyrus, support plus coûteux et sans doute réservé à une partie des documents officiels qui circulaient dans la région, les ostraca gardent la trace de la correspondance des habitants du désert Oriental, qui transcrit avec une grande vitalité leur vie et intérêts quotidiens.

Pourtant, malgré de très grandes avancées dues à la publication des vestiges et des textes extraits des sables du désert Oriental, l’histoire de son occupation, de son appropriation par les différents pouvoirs qui se sont succédé sur le trône d’Égypte, reste une histoire compartimentée et statique (par période, site, discipline, type de sources envisagées).

L’ambition du projet « Desert Networks » est de travailler, pour la première fois, sur le désert comme objet dynamique, sur les réseaux qui l’ont parcouru, aussi bien physiques, matériels, qu’immatériels et humains, au travers des siècles. L’hypothèse que nous souhaiterions tester est la suivante : pour traverser, vivre, exploiter, commercer dans le désert Oriental, il a fallu, aux anciens, être connectés. Comment dès lors les bédouins du désert, les sociétés anciennes de la vallée et les pouvoirs qui s’y sont succédé se sont appropriés la région, l’ont transformée, modelée, grâce aux réseaux ?
Le programme se propose ainsi d’explorer non la dualité du désert Oriental mais son côté réticulaire. Il s’agit de remplacer une approche linéaire (la traversée du désert) et éclatée par une vision connectée.

vue du réseau des relations personnelles dans et autour du fortin de Krokodilô d'après l'analyse des ostraca trouvés dans le fortin (© B. Redon)

Cette enquête ne pourra se faire que sur la longue durée, qui permettra d’embrasser les phénomènes de continuités et de ruptures, entre le début du Nouvel Empire (vers le milieu du IIe millénaire av. J.-C.), apogée de l’occupation de la région à l’époque pharaonique, et la fin de l’époque romaine (fin du IVe s. ap. J.-C.), après que la dynastie gréco-macédonienne des Lagides (332-30 av. J.-C.), puis les empereurs romains, ont massivement investi dans la région.
Nous nous concentrerons sur la partie sud de la région, qui concentrent les vestiges les plus nombreux, organisés en deux pôles : autour des carrières du Wadi Hammamat, du Mons Claudianus et du Porphyritès au nord, et le long des voies qui ont traversé la zone, entre Coptos et Edfou, sur le Nil, et Myos Hormos et Bérénice, sur la mer Rouge.

première version du SIG du désert Oriental, créée par Alexandre Rabot (© HiSoMA)

Le premier objectif du projet est de réunir l’ensemble de la documentation (textuelle et archéologique au sens très large) sur les sites du désert Oriental du Nouvel Empire à la fin de l'époque romaine, dans une base de données liée à un SIG, pour créer un atlas en ligne. Il sera consultable par le public et servira également aux analyses spatiales effectuées dans le cadre du projet sur les réseaux réels, économiques et sociaux de la région.
Nous étudierons ainsi le parcours des voies et leurs équipements au fil du temps, en nous fondant sur l’étude des sources mais aussi sur l’analyse fine de la géographie de la région et des observations de terrain.
Nous tenterons ensuite de retracer les courants commerciaux qui ont traversé la région (produits échangés, personnes impliquées, rythme des échanges etc.).
Enfin, nous nous pencherons sur deux corpus de textes particulièrement riches et/ou encore largement inédits (les ostraca du Mons Claudianus et les ostraca ptolémaïques du désert Oriental) pour conduire des études de réseaux personnels au sein des petites sociétés qui ont vécu dans la région.

carte des routes et sites ptolémaïques du désert (© MAFDO, A. Rabot, Th. Faucher, B. Redon)


Une douzaine de chercheurs participeront au projet, dont :

Jennifer Gates-Foster, de l’Université de Chapel Hill (North Carolina), historienne et spécialiste de la céramique du désert Oriental. Elle sera particulièrement impliquée dans le projet et sera responsable de l'étude des réseaux économiques du désert Oriental.
• Hélène Cuvigny (CNRS, IRHT, directrice de l’Institut de papyrologie de la Sorbonne), papyrologue, éditrice des plus grands corpus d’ostraca du désert Oriental.
Laure Pantalacci (univ. Lyon 2, HiSoMA), directrice de la mission archéologique de Coptos, d’où partaient les caravanes du désert.
• Adam Bülow-Jacobsen (univ. Copenhague), papyrologue et spécialiste des carrières et de la correspondance privée du désert Oriental.
Alexandre Rabot (univ. Lyon 2, HiSoMA), spécialiste de cartographie et SIG"
Damien Laisney (MOM), cartographe, géographe, spécialiste des déserts égyptiens".

Les légendes des images dans l'ordre d'affichage :

• vue générale du cœur du désert Oriental, région de Samut (© MAFDO)
• carte des sites fouillés dans le désert Oriental (© B. Redon)
• vue du réseau des relations personnelles dans et autour du fortin de Krokodilô d'après l'analyse des ostraca trouvés dans le fortin (© B. Redon)
• première version du SIG du désert Oriental, créée par Alexandre Rabot (© HiSoMA)
• carte des routes et sites ptolémaïques du désert (© MAFDO, A. Rabot, Th. Faucher, B. Redon)

Communiqué de presse CNRS (.pdf)

Mercredi 19 avril 2017

© cliché J. Marchand, HiSoMA/MAFDOLa Mission Archéologique Française du Désert Oriental, MAFDO, dirigée par Bérangère Redon (HiSoMA) et Thomas Faucher (Iramat) étudie actuellement le grand axe de circulation NO-SE qui reliait, à l’époque ptolémaïque, la vallée du Nil (Edfou) et le port de Bérénice, sur la mer Rouge, et tout particulièrement, les fortins qui assuraient son fonctionnement et sa sécurité.

Ces derniers jalonnent régulièrement le tracé de la piste antique et recèlent une documentation archéologique exceptionnelle (ostraca, ensembles céramiques extrêmement riches et homogènes, restes végétaux…).

La documentation de ces forts (Bir Samut puis Abbad) mobilise divers outils dont la photographie aérienne par cerf-volant. Cette technique est apparue très tôt dans l’histoire de la photographie (Arthur Batut, 1888). Elle reste encore aujourd’hui adaptée à de nombreuses situations de terrain, dont l’Égypte, pays qui accorde difficilement des permis pour l’utilisation de drones scientifiques.
Cet outil, assez simple de mise en œuvre, permet d’obtenir des clichés de basse altitude, qui peuvent être utilisés tels quels (photographies illustratives) ou servir de matériel pour des traitements plus complexes, mobilisant la géolocalisation et les SIG, la 3D… 

Il reste encore aujourd’hui adapté à de nombreuses situations de terrain. Dont l’Égypte, pour des raisons aussi bien administratives que techniques. Ce pays en effet n’accorde pas de permis pour l’utilisation de drones (le drone étant assimilé, dans cet état sous autorité militaire, à un appareil d’observation) ou de matériel intégrant de l’électronique (émission d’ondes).

Par ailleurs, le cerf-volant est particulièrement adapté à des paysages très ouverts, à faible occupation humaine, libres de végétation et de construction.

Le désert Oriental lui offre donc un cadre d’application assez idéal.

Le désert Oriental, aux paysages ouverts, libres de végétations et de constructions, offre un cadre d’application assez idéal. Le site d’Abbad (33.087089 E, 25.050066 N) à 25 km à l’Est d’Edfou, a fait l’objet d’une prospection puis d’une fouille archéologique en janvier 2017.

La photographie par cerf-volant, mise en œuvre par Alexandre Rabot (HiSoMA) et Gaël  Pollin (IFAO), a permis, entre autres, de réaliser des ortho-images très précises du fort à différentes étapes de la fouille et des modèles numériques de terrain (MNT) de son environnement.

Alors que les sites sont fréquemment menacés par des activités humaines toujours plus étendues, ces prises de vue permettent de conserver une mémoire visuelle élargie de restes archéologiques hélas appelés à disparaître…

© A. Rabot, HiSoMA/MAFDO

Illustrations

Fig. 1 – Le cerf-volant et les deux opérateurs (cliché J. Marchand, HiSoMA/MAFDO)
Fig. 2 – Ortoimage du fort d’Abbad, Gouvernorat de la mer Rouge, Égypte (document A. Rabot, HiSoMA/MAFDO)

Bibliographie

O. Barge, E. Regagnon, Vol au-dessus d’un tas de cailloux : l’usage en archéologie de photographies réalisées avec un cerf-volant (.pdf)

Mercredi 09 novembre 2016

Dans la prestigieuse « Bibliothèque de la Pléiade » vient de paraître un volume consacré aux Premiers écrits chrétiens.

Sous la direction de Bernard Pouderon, de Jean-Marie Salamito et de Vincent Zarini, des dizaines d’œuvres, composées entre le 1er et le 3e siècle, ont été traduites du grec et du latin, mais aussi du syriaque, de l'hébreu, de l’arménien, de l'arabe et du slavon, par une vingtaine de spécialistes, dont plusieurs d’HiSoMA : Guillaume Bady (Ptolémée, Lettre à Flora), Catherine Broc-Schmezer (Lettres d’Ignace d’Antioche et de Polycarpe de Smyrne), Marie-Ange Calvet-Sebasti (Théophile d’Antioche, Livres à Autolykos) et Jean Reynard (Athénagore d’Athènes, Sur la résurrection des morts).

Dans la collection de la Pléiade, l’ouvrage complète plusieurs numéros déjà parus – Écrits intertestamentaires, Écrits apocryphes chrétiens et Écrits gnostiques : on pourrait s’étonner que ces corpus marginaux aient eu la primeur sur des textes plus orthodoxes ou classiques. En fait, l’ampleur océanique du corpus patristique avait de toute façon de quoi faire reculer l’éditeur le plus téméraire ; beaucoup d’auteurs chrétiens à partir du 3e siècle, en effet, pourraient suffire, chacun séparément, à remplir un ou plusieurs volumes de la Pléiade, et il est peu probable que ces Premiers écrits chrétiens soient suivis d’un autre volume global pour les périodes suivantes.
Du reste, plusieurs écrits retenus dans ce recueil, sans parler des témoignages juifs et païens, sont « hétérodoxes » eux aussi. Le choix adopté, incluant la plupart des textes de la période – sans pouvoir englober ni Origène, ni tous les textes de Tertullien, ni l’intégralité du traité d’Irénée Contre les hérésies –, se devait d’ailleurs de mettre en valeur leur nature très souvent polémique.

Le plan d’ensemble, en 7 parties, est globalement structuré en fonction de la chronologie, de l’objet ou des genres littéraires :

- « Témoignages juifs et païens sur Jésus et sur le premier christianisme »
- « La vie des communautés : épîtres et manuels de discipline » (y compris professions de foi et formules baptismales)
- « Actes et Passions de martyrs »
- « La littérature apologétique grecque : entre défense des communautés et polémique religieuse » (dont l’intégralité du Dialogue avec Tryphon de Justin)
- « Les débuts de la littérature apologétique latine » (comprenant l’Apologétique de Tertullien, qui méritait une nouvelle traduction depuis longtemps)
- « Débats et controverses théologiques » (y compris le livre III de l’Adversus haereses et la Démonstration d’Irénée)
- « Les débuts de la poésie chrétienne » (par François Cassingena-Trévedy, lui-même poète).

Gros de 1 648 pages, le livre dépasse de loin le format des volumes des Sources Chrétiennes, par rapport auxquels il est complémentaire et qu’il ne saurait remplacer. Les introductions et les notes, forcément limitées, fournissent tout de même de très intéressantes synthèses et mises au point (sont particulièrement utiles aussi la bibliographie générale et les abondants indices : index des noms, index des textes anciens, index thématique), ainsi que l’essentiel nécessaire à la compréhension des textes. Ceux-ci, en même temps qu’une partie des recherches menées au sein d’HiSoMA et des Sources Chrétiennes, devraient ainsi se faire connaître auprès d’un assez vaste public.

Prix de lancement de 58 € jusqu'au 31 mai 2017

 

 

 

 

 

Mercredi 20 juillet 2016

Dans le cadre du programme franco-américain de recherche et de formation Visible Words: Research and Training in Digital Contextual Epigraphy financé par le Partner University Fund – Face Foundation et la Andrew Mellon Foundation, un atelier d’épigraphie numérique a été organisé au Cambodge par le laboratoire HiSoMA entre le 16 et le 26 mai 2016, en collaboration avec le Centre de recherches de Siem Reap - Angkor de l’Ecole Française d’Extrême Orient.

Ce séminaire sur le terrain associait des enseignants-chercheurs, des chercheurs et des étudiants, épigraphistes, archéologues, architectes de l'information, latinistes, hellénistes, sanskritistes, mayanistes et égyptologue, rattachés aux Universités Brown et Tufts pour les USA, au laboratoire HiSoMA et à l’Université Lyon 2 pour la France.

Angkor Vat By Bjørn Christian Tørrissen (Own work)

Pendant dix jours, depuis Angkor au Nord jusqu’à Angkor Borei au Sud via Phnom Penh, les explorations sur les sites archéologiques à la recherche des inscriptions ont alterné avec des visites de musées et des séances de travail en groupe, dans le but de relier les informations collectées en observant les inscriptions à des outils de visualisation et de modélisation numériques.

licence CC BY SA 4.0 international

licence CC BY SA 4.0 international

Dans une perspective constamment comparatiste, il s’agissait d’observer les inscriptions dans leurs contextes d’exposition, en se concentrant sur l’écriture, sa technicité, la « mise en pierre » et la forme des supports, en sériant les différents emplacements privilégiés pour graver, variables selon les types de messages, en analysant l’interaction du texte gravé avec les représentations figurées, la lecture de l’inscription intervenant dans tous les cas en appui de cette démarche prioritaire d’enquête archéologique.

licence CC BY SA 4.0 international

 licence CC BY SA 4.0 international

licence CC BY SA 4.0 international

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Lors des sessions de travail collectives, notre premier objectif était de tester quelques outils numériques de visualisation des données chronologiques et spatiales, ensuite de réfléchir à la modélisation des informations collectées sur le terrain. Catégories, typologies, hiérarchisation, référence à des vocabulaires contrôlés et à des ontologies, afin d’esquisser une chaîne de transformation cohérente pour passer des métadonnées descriptives consignées sur des fiches papier et combinées avec d’autres, extraites d’une base de données préalable, à des fichiers EpiDoc/TEI/XML.

Pendant le séjour à Phnom Penh, les étudiants ont eu l’opportunité d’être initiés à la réalisation d’estampages selon le procédé « à la chinoise » au Musée national du Cambodge.

Coordination de l’atelier :
Michèle Brunet (Université Lyon 2, HiSoMA), Arlo Griffiths (EFEO, EPHE), John Bodel (Brown University, RI, USA) et Marie-Claire Beaulieu (Tufts University, MA, USA).

Autres encadrants :
Véronique Chankowski, Emmanuelle Morlock (Université Lumière Lyon 2 - HiSoMA), Stephen Houston, Scott DiGiulio (Brown University), Tim Buckingham (Tufts University).

Etudiants :
France : Rachel Hédan, Adeline Levivier, Elise Pampanay, Nicolas Souchon
USA : Samuel Butler, Elisabeth Cecil, Darrel Janzen, Mallory Matsumoto

Présentation vidéo du workshop pour le Consortium international Sunoikisis Digital Classics

Photos :
Photo 1 : Angkor Vat By Bjørn Christian Tørrissen (Own work)
Photo 2 : Groupe
Photo 3 : Itinéraire
Photo 4 et 5 : exemples d’écriture
Photo 6 : vue porte avec inscription
Photo 7 : Buddha portant inscription
Toutes les photos (sauf la 1 qui a une licence propre) ont une licence CC BY SA. Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

Vendredi 05 février 2016

Les pages proches-orientales du Bulletin épigraphique 2005-2015 sont consultables (.pdf).

Elles sont rédigées par Denis Feissel (CNRS, EPHE) et par Pierre-Louis Gatier (HiSoMA).
Leur diffusion est étroitement liée au programme des Inscriptions grecques et latines de la Syrie (IGLS).

Inscription grecque et géorgienne de Balāṭunus (Syrie) – Bull. ép. 2012, 455 © Julien Aliquot 2008
Inscription grecque et géorgienne de Balāṭunus (Syrie) – Bull. ép. 2012, 455 © Julien Aliquot 2008

Le Bulletin épigraphique de la Revue des études grecques comporte chaque année, depuis 1993, une section proche-orientale rédigée par Pierre-Louis Gatier pour la période hellénistique et le Haut-Empire, par Denis Feissel pour la période byzantine.

Les Bulletins 1987-2001 ont été réimprimés (Bulletin épigraphique, XI-XIV, Paris, 2007), de même que les notices de D. F. pour les années 1987-2004 (Chroniques d’épigraphie byzantine, Paris, 2006). D’autre part les Bulletins de la REG sont consultables en ligne sur Persée jusqu’à l’année 2010.
Cependant, le lecteur ne dispose pas encore des facilités d’interrogation que peut offrir une version numérique. Pour répondre à ce besoin, nous offrons ici une compilation des onze chapitres proches-orientaux parus dans la REG 118-128 (2005-2015), y compris quelques notices portant la signature de Claude Brixhe ou de Jean Gascou. Le texte des notices, sauf erreur matérielle, n’a pas été corrigé. Son uniformisation en caractères Unicode (IFAO-Grec Unicode pour l’alphabet grec) devrait faciliter l’accès aux mots recherchés. Lector benevole, utere felix.

 

Vendredi 22 janvier 2016

Ce projet, coordonné par P. Desfarges (MOM) et S. Fourrier (HiSoMA), vise à numériser et à donner accès, de manière libre, aux archives primaires de la fouille de Salamine. Il bénéficie de la collaboration ponctuelle de personnel recruté (C. Boulland, E. Leydier, P. Millier) et de l’aide du personnel de la MOM (J. Erismann).

En 2014-2015, le projet "SalamiNe : numérisation des archives primaires de la fouille de Salamine" a été accepté pour financement dans le cadre du programme BSN 5.
Article de Sabine Fourrier (.pdf)

© Mission Kition-Salamine

Lundi 05 octobre 2015

Organisés tous les six ans dans une ville différente par le Comité International de Numismatique (CIN), les Congrès internationaux de numismatique offrent un état des recherches couvertes par l’ensemble des champs d’application de l’étude des monnaies anciennes : s’y rassemblent ainsi dans une communauté d’intérêt scientifique les chercheurs et les conservateurs, mais aussi les collectionneurs et les marchands.

Congrès Numismatique 2015 Sicile © Photo T. Bardin

Les monnayages antiques y occupent une place de choix puisque la majorité des communications et posters présentés leur sont consacrés. Outre les communications historiques, plusieurs table-rondes thématiques ont bénéficié de l’attention des organisateurs : trouvailles monétaires en contexte, bases de données et réflexions sur l’insertion professionnelle des jeunes numismates figuraient ainsi au programme, reflétant l’actualité et le dynamisme de la discipline.

Après Glasgow en 2009, la nouvelle édition s’est déroulée du 21 au 25 septembre dernier à Taormine en Sicile, rassemblant près de 700 congressistes. Une grande partie de l’équipe numismatique d’HiSoMA dirigée par Sylviane Estiot (membre du comité scientifique et précédente rédactrice de la newsletter du CIN) était sur place afin pour communiquer ses travaux, centrés sur l’activité des ateliers monétaires impériaux aux IIe et IIIe siècles.  Deux communications étaient ainsi consacrées aux résultats des analyses de composition des monnaies réalisées à l’IRAMAT d’Orléans par Maryse Blet-Lemarquand, et deux autres communications portaient sur la chronologie des émissions de l’atelier impérial de Siscia. L’ensemble de ces recherches en cours sont financées par les programmes de la Région Rhône-Alpes. Olivier Lempereur et Thomas Bardin ont par ailleurs chacun bénéficié d’une bourse de voyage attribuée par le CIN aux jeunes chercheurs retenus pour communication.

En attendant l’édition des actes du congrès, le CIN publiait pour l’occasion et conformément à sa tradition son dernier volume sur l’état de la recherche des six années précédentes : Survey of Numismatic Research (2008-2013).

Congrès Numismatique 2015 Sicile © photo T. Bardin

Olivier Lempereur [avec Maryse Blet-Lemarquand] :
Les frappes de deniers impériaux à Alexandrie à la fin du IIe siècle apr. J.-C.)
Premiers résultats d’analyses.

Congrès Numismatique 2015 Siclle © photo R. Nicot

Thomas Bardin [avec Maryse Blet-Lemarquand] :
Le monnayage impérial romain (238-253 apr. J.-C.).
Nouvelles analyses élémentaires
Congrès Numismatique 2015 Sicile © photo : T. Bardin
Sylviane Estiot : Or et célébrations. Les émissions festives de l’atelier
de Siscia sous les règnes de Carus, Carin et Numérien (282-283 apr. J.-C.)
Congrès Numismatique 2015 Sicile © Photo : T. bardin
Pierre Zanchi : Le monnayage de Dioclétien seul empereur
à Siscia (été 285-mars 286)

 

 

 

 

 

 

 



 

Mardi 23 juin 2015

Résultats de la première campagne de fouilles (mai-juin 2015)

La mission archéologique de Dyrrachium (ministère des Affaires étrangères, CNRS-HiSoMA), codirigée par Catherine Abadie-Reynal du laboratoire HiSoMA et Eduard Shehi (Institut Archéologique de Tirana), a comme objectif de faire un bilan des recherches archéologiques conduites depuis la fin du XIXe s. sur ce site urbain. A la lumière de ces travaux, il s'agit aussi de développer une problématique archéologique de nature à relancer la recherche sur le terrain, interrompue depuis une dizaine d'années.

La première phase de la mission (2012-2014) a abouti à la construction d'un SIG archéologique en collaboration avec l'Ecole Supérieure de Géomètres et Topographes du Mans.

SIG archéologique © Droits réservés

Cet outil donne les moyens de mettre en place une politique d'archéologie préventive. De plus, comme sur tout site urbain, les fouilles anciennes, disséminées, étaient difficiles à relier entre elles, à une époque où la géolocalisation n'était pas maîtrisée. Le SIG permet d'obtenir une vision globale de ces travaux et donc d'analyser pour la première fois, l'organisation du tissu urbain à partir de données sûres.

La première campagne de recherche sur le terrain a eu lieu pendant 5 semaines aux mois de mai et juin 2015. Pour avancer sur les questions de topographie du centre urbain antique, nous avons pratiqué des sondages dans une région essentielle de ce point de vue, située autour des Thermes publics d'époque romaine, fouillés en 1961. Là, en effet, plusieurs trames urbaines d'orientation différente sont présentes. De plus, cette zone est bordée, à l'ouest, par une rue importante, nord-sud, bordée d’un trottoir sous lequel coule un égout dont nous voulions reconstituer l'histoire.

© Droits réservés

Les travaux conduits cette année ont apporté des informations nouvelles sur les processus d'implantation et d'évolution du bâti dans le centre de la ville antique.

Les recherches ont d'abord confirmé que la phase la plus importante de l'occupation, dans cette région, est représentée par les Thermes publics qui sont, provisoirement, datés, du début du IIe s. apr. J.-C. Aux époques romaine tardive et byzantine, une réoccupation importante est matérialisée par des structures qui réutilisent souvent les murs des Thermes sans en reprendre la fonction puisque le bassin central, en particulier est alors comblé.

© Droits réservés

Les plans, établis lors de la fouille de 1961, ont été complètement refaits ; une couverture photographique exhaustive a été réalisée : cette documentation permettra d'établir le phasage complexe de ces bâtiments.

Des informations inédites ont aussi pu être réunies sur les phases anciennes d'occupation qui sont très mal connues à Durrës. Il apparaît qu'un grand programme urbain, antérieur aux Thermes du IIe s., a structuré ce quartier : c'est le moment où la rue nord-sud est construite et où une phase d'occupation à l'est de cette rue se met en place, sous la partie centrale des Thermes. S'agit-il déjà d'un établissement balnéaire ? En tout cas, on a alors un bâtiment de taille assez importante, comportant au moins un bassin ainsi que des murs décorés d'enduits peints. Plus au sud, cette phase est représentée par un important mur périmétrique lui aussi orienté nord-sud ; à l'ouest de ce mur, la stratigraphie montre que cette région n'est pas encore bâtie et qu'elle est sujette à des remontées d'eau. A l'est, un beau sol de briques disposées de chant en opus spicatum couvre une surface importante et correspond sans doute à un espace à ciel ouvert. Il peut être daté du début du Ier s. apr. J.-C., mais il est limité au nord par un mur nord-ouest/sud-est qui paraît antérieur. D'aillleurs cette même orientation se retrouve en plusieurs points de la zone des Thermes avec des structures qui sont régulièrement recoupées par le programme de construction du début du Ier s. Un examen rapide du matériel permet de proposer au plus tôt la fin du Ier s. av. J.-C. pour une datation de ces murs en briques et mortier. Peut-on mettre en relation cette phase orientée nord-ouest/sud-est avec la fondation de la Colonia Julia Augusta Dyrrachinorum en 31 av. J.-C. ? Pourquoi ces changements d'orientation de la trame urbaine ?

Finalement, on a pu atteindre des niveaux plus anciens sous la rue romaine (photo centrale). A environ 1m sous l'unique niveau de circulation mis au jour, un alignement de gros blocs de conglomérat, non liés au mortier, est apparu. D'orientation générale nord-sud, ils semblent en place et montrent qu'une occupation plus ancienne, caractérisée par une technique de construction qui n'utilise ni la brique ni le mortier est attestée. Cette occupation peut être située à l'époque hellénistique.

Le bilan de cette première campagne est considérable. 
Alors que les niveaux précoloniaux et coloniaux sont mal connus à Durrës, nous avons pu montrer que l'urbanisation du centre-ville est le résultat d'un long processus. Cette région est occupée au moins depuis l'époque hellénistique. Des ruptures successives ont lieu : une rupture se produit dans les modes de construction, quand la brique liaisonnée au mortier est adoptée, probablement après la fondation de la colonie, à un moment aussi où un exhaussement du sol est réalisé, pour lutter contre les remontées d'eau, accompagné par une modification de l'orientation de la trame urbaine ; mais une solution de continuité peut aussi être observée plus tard, quand, pour une raison difficile à déterminer actuellement, une nouvelle orientation nord-sud est donnée au tissu urbain (Ier s. apr. J.-C.), ce qui n'empêche pas de réutiliser les murs antérieurs.

 

Mardi 03 février 2015

Entre 2012 et 2014, la mission archéologique française de Kition et Salamine (cofinancée par le ministère des Affaires étrangères et le laboratoire HiSoMA) a mené trois campagnes de fouilles programmées dans une nécropole kitienne de l’Âge du Fer. Ces travaux de terrain sont adossés au programme de recherches sur Chypre du laboratoire.

La mission est dirigée par Sabine Fourrier. Deux membres du laboratoire y sont associés, Anna Cannavò et Alexandre Rabot.

Le site et son contexte

Carte extraite du SIG de Kition © © Mission de Kition et SalamineA. Rabot

Carte extraite du SIG de Kition. En bleu : tombes des XIe-Xe s. ; en rouge : tombes des IXe-VIIIe s. ; en jaune : tombes des VIe-IVe s. © Mission de Kition et Salamine, A. Rabot

La nécropole de Pervolia est localisée à l’ouest de la ville antique de Kition. Elle s’étend sur un affleurement rocheux dans lequel les tombes sont creusées. Plusieurs tombes (datées de l’époque géométrique à la fin de l’époque classique) y ont été découvertes avant le début des fouilles françaises, à l’occasion de travaux de terrassement. Ces premières fouilles de sauvetage ont apporté des informations qui, en raison du caractère d’urgence de l’exploration, étaient partielles : on ne possédait aucun renseignement concernant la topographie générale de la nécropole (implantation des tombes et éventuelle organisation de la nécropole) et l’on connaissait mal l’architecture des tombes (seule la chambre funéraire avait été fouillée) et les pratiques funéraires.

Le programme de la mission française, qui a conditionné la méthode de fouille, visait donc à apporter des réponses à ces questions. On a privilégié, pour cela, un décapage de surface important et la fouille stratigraphique d’un nombre réduit de tombes, en suivant le protocole de l’archéothanatologie (fouille in situ des restes humains, réalisée par Nathalie Delhopital et Prisca Vareilles, AFT-Archéologie, Rouen).

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N. Delhopital en train de fouiller les restes humains de la tombe 379. © Mission de Kition et Salamine

La topographie de la nécropole

Toutes les tombes sont creusées dans le rocher, constitué d’une croûte friable, de couleur blanchâtre (localement appelé havara) et d’un substrat argileux dense (localement appelé konnos). Aucune organisation d’ensemble n’apparaît.

© Mission de Kition et Salamine - A. Rabot

Relevé général du secteur de la nécropole fouillé en 2012-2014. © Mission de Kition et Salamine, A. Rabot

L’implantation des tombes est particulièrement serrée à la période classique (Ve-IVe s. av. J.-C.). Afin d’économiser l’espace, les tombes sont souvent installées tête bêche.

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Vue aérienne vers le sud : implantation tête bêche des tombes classiques. © Mission de Kition et Salamine

Certaines tentatives avortées montrent également la difficulté à installer de nouvelles tombes dans un terrain déjà densément utilisé. Au Ve s. av. J.-C., une tombe a commencé d’être creusée à l’emplacement d’une tombe plus ancienne, datée du VIIIe s. av. J.-C., dont l’existence n’était plus connue. 

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Vue aérienne vers le sud-est. Au premier plan, les deux tombes classiques avortées. À l’arrière, la tombe archaïque. © Mission de Kition et Salamine

Découvrant le dromos (couloir d’accès) de la tombe archaïque, les constructeurs ont décidé de déplacer la tombe vers le sud : alors qu’ils commençaient le creusement de la chambre funéraire, ils sont à nouveau tombés sur le dromos de la tombe plus ancienne. Le projet a été alors définitivement abandonné et l’ouverture de la chambre fermée par des pains de brique crue.

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L’ouverture de la chambre de la tombe classique avortée, fermée par des pains de brique crue. © Mission de Kition et Salamine

Les tombes

La fouille a mis au jour des tombes d’époque tardo-archaïque et classique (VIe-IVe s. av. J.-C.), et des tombes archaïques (VIIIe-VIIe s. av. J.-C.). Elles sont toutes creusées dans le rocher. Elles possèdent un couloir d’accès (dromos), muni de marches, long et étroit pour les tombes récentes, large pour les tombes archaïques. L’entrée est fermée par une dalle de gypse.

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L’entrée de la chambre de la tombe 396 fermée par une dalle de gypse. © Mission de Kition et Salamine

À l’arrière s’ouvre une chambre unique, de forme carrée ou trapézoïdale, voûtée en berceau. Les chambres des tombes archaïques sont ménagées à une profondeur plus grande que celle des tombes classiques.

Les pratiques funéraires

Toutes les tombes sont collectives, utilisées pour plusieurs inhumations successives (on a dénombré entre 14 et 24 individus selon les tombes). Dans les tombes classiques, toutes les inhumations sont primaires : les corps ont été déposés, emmaillotés dans un contenant étroit (linceul) et peut-être dans un cercueil de bois. Ils n’ont pas été déplacés ensuite : leur position à la fouille révèle le mode de décomposition des cadavres dans l’espace funéraire.

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Squelettes en cours de fouille dans la tombe 379. © Mission de Kition et Salamine

Les pratiques sont plus variées dans une tombe archaïque : à côté d’une majorité d’inhumations primaires, on compte une inhumation secondaire (déplacement des ossements de deux individus dans une amphore déposée dans la tombe.

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Inhumation secondaire dans une amphore. © Mission de Kition et Salamine

Des offrandes sont déposées dans la chambre, le plus souvent regroupées.

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Dépôt de vases dans un coin de la chambre funéraire. © Mission de Kition et Salamine

Il s’agit essentiellement de vases et de lampes céramiques. Quelques objets (petits vases, lampes, bijoux) sont associés à certains défunts.

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Bracelet autour du bras d’un squelette. © Mission de Kition et Salamine

Dans une tombe classique, on avait déposé auprès des corps de deux petits enfants (entre 1 et 3 ans) le cadavre d’une oie complète, ficelée, tête et pattes coupées.

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Squelettes de deux enfants, placés en croix. Au premier plan, squelette d’oie. © Mission de Kition et Salamine

D’autres offrandes sont déposées dans de petites niches généralement ménagées dans les parois des dromoi : vases miniatures (dont des biberons), petits bijoux de bronze et de faïence.

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Biberon découvert dans une niche. © Mission de Kition et Salamine

Ils sont liés au monde de la petite enfance, et l’on peut supposer qu’ils évoquent les défunts âgés de moins d’un an, singulièrement absents de la nécropole.

Les acteurs de la fouille

© Mission de Kition et Salamine

L’équipe de terrain en 2014. © Mission de Kition et Salamine

L’équipe de terrain comprend des archéologues, étudiants et ouvriers (avec un contremaître). Elle est complétée par différents spécialistes pour la fouille des restes humains (anthropologues) et pour le relevé.

© Mission de Kition et Salamine

A. Rabot assisté de S. Fourrier faisant le relevé au GPS différentiel. © Mission de Kition et Salamine

Le matériel est ensuite étudié pour publication (post-fouille) par différentes personnes : céramologues (étude des vases), spécialistes de divers types de matériel, archéozoologues (étude des restes animaux), palynologues (étude des pollens), etc.

Les rapports des trois campagnes de fouilles sont consultables en ligne :
- 2014
- 2013
- 2012

Articles dans les médias (janvier 2015)

La tombe archaïque fouillée à Pervolia en 2014 avait fait l'objet d'articles dans plusieurs médias chypriotes et grecs (Lifo, Artnews et Star). Seul l'article de Lifo est encore en ligne.

(mise en ligne : février 2015)