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Vendredi 19 décembre 2014

Le cercueil et la couverture de momie de Padikhonsou (Lyon, musée des Beaux-Arts, n° d’inv. H 2320-H 2321)

Depuis 2007, des recherches ont été entreprises par France Jamen (chercheuse associée HiSoMA) sur la collection inédite des cercueils jaunes de la XXIe dynastie conservée au musée des Beaux-Arts de Lyon. Parmi ces objets, le focus a été porté sur le cercueil et la couverture de momie du  « prêtre-pur, prêtre-lecteur et embaumeur du domaine d’Amon » Padikhonsou (n° d’inv. H 2320 – H 2321), qui présentent des caractéristiques stylistiques originales pour leur époque de fabrication supposée. 

L'ensemble funéraire de Padikhonsou est composé d'un couvercle associé avec une cuve et une planche, qui reposait directement sur la momie, dans son cercueil, et que nous appellerons conventionnellement "couverture de momie". 

Ensemble funéraire de Padikhonsou © Lyon MBA

L'ensemble funéraire de Padikhonsou (XXIe dynastie), musée des Beaux-Arts de Lyon,
n° d'inv. H 2320 - H 2321, Image © Lyon MBA - p
hoto Alain Basset

Historiographie et provenance

Le couvercle du cercueil est mentionné pour la première fois, à notre connaissance, dans le catalogue publié par Ambroise Comarmond, conservateur des musées archéologiques de la ville de Lyon, en 1855-1857. Dans cet ouvrage, la courte notice qui y figure précise que notre couvercle a « sans doute été vendu à la ville de Lyon par un marchand ». Cette notice indique également que cette pièce provient de l’ancien « Cabinet de la ville ». En fait, ces informations relatives au mode d’acquisition du couvercle restent sujettes à caution, l’auteur indiquant fréquemment l’ancien Cabinet de la ville comme lieu de provenance des œuvres dont on a oublié la date et les conditions d’entrée dans les collections ; il en est de même pour l’allusion de l’achat à un marchand. Ainsi, cette mention ne nous permet pas aujourd’hui de connaître la provenance du couvercle et seule la date de la publication de ce catalogue, en 1855-1857, nous fournit un terminus ante quem de la date d’arrivée de notre couvercle à Lyon.

Ensuite, le cercueil n’apparaît plus dans les publications du musée jusqu’à sa récente redécouverte. Une étiquette collée à l’intérieur du couvercle nous apprend que ce dernier fut déposé au musée Guimet de Lyon, en 1943. Puis il réintégra le « Palais Saint-Pierre » en 1969, avec le transfert des collections de la galerie égyptienne de l’ancien musée Guimet.

La cuve du cercueil de Padikhonsou © Lyon MBA
© A. Comarmond, Descriptif des antiquités et objets d’art contenus dans les salles
du Palais-des-Arts de la ville de Lyon, page de couverture.

En l’absence de documentation renseignant le lieu de découverte de notre ensemble funéraire, le style peut être dans un premier temps un critère déterminant permettant d’identifier son origine. En effet, le fond jaune appliqué à l’extérieur de la cuve et la forte densité des motifs décoratifs correspondent à des caractéristiques propres aux cercueils thébains de la XXIe dynastie. Dès lors, il est fort probable que ce cercueil provienne de Thèbes (Louxor). En dehors de cela, il paraît difficile à première vue d’être plus précis quant à la provenance de cet objet. Cela dit, il est malgré tout possible d’exclure une provenance de la seconde cachette de Bab el-Gasous, puisque, si un grand nombre de cercueils jaunes égyptiens de cette période en proviennent, l’ensemble funéraire étudié n’en est certainement pas issu, dans la mesure où son couvercle était présent à Lyon avant la découverte de cet hypogée retrouvé intact, en 1891.

© A. Comarmond
La cuve du cercueil de Padikhonsou (XXIe dynastie), musée des Beaux-Arts de Lyon,
n° d'inv. H 2320, Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset


Résultats des recherches

Nos travaux ont permis d'aboutir à une meilleure connaissance de cet ensemble funéraire à différents niveaux. Tout d'abord, les critères de datation morphologiques, stylistiques, iconographiques et paléographiques combinés placent sa fabrication durant la seconde partie de la XXIe dynastie, probablement sous le pontificat de Pinedjem II (990-969 avant J.-C.).

En outre, nous avons vu que, si nous ignorons dans quelle tombe a été enterré Padikhonsou, le fond jaune des côtés extérieurs de la cuve et la forte proportion de motifs décoratifs plaident pour une origine thébaine. Cette hypothèse semble avérée dans la mesure où nous connaissons de nombreux cercueils jaunes analogues, dont la provenance thébaine est bien établie.

En ce qui concerne le programme décoratif, l'association entre un couvercle à fond blanc orné de bretelles rouges avec une cuve jaune reste rare. De la même façon, la présence d’un texte hiéroglyphique de 69 lignes à l’intérieur du couvercle – contenant deux formules de présentation d’offrandes au mort glorifié et le début du chapitre 1 du Livre des morts – couplé avec une frise issue du chapitre 17 du Livre des morts, peinte sur ses parois intérieures, demeure inhabituelle. Enfin, la présence d’une décoration dense, en treize registres, sur la face intérieure de la couverture de momie, combinant des extraits illustrés des 10ème et 11ème heures du Livre de l’Amdouat, ainsi que probablement des chapitres 30B et 125 du Livre des morts est de la même manière inédite.

Fac-similé de la partie supérieure de la face intérieure du couvercle (© France Jamen)Intérieur du couvercle du cercueil
de Padikhonsou (XXIe dynastie),
musée des Beaux-Arts de Lyon,
n° d’inv. H 2320,

image © Lyon MBA
Photo Alain Basset

 

Face intérieure de la couverture de momie de Padikhonsou © Lyon MBA
Fac-similé de la partie supérieure de la face intérieure du couvercle (© France Jamen)

En définitive, l’analyse fine de la décoration de notre ensemble funéraire a nettement démontré son caractère exceptionnel, ce que l’étude des techniques de fabrication a confirmé. En conséquence, le grand soin porté à cet ensemble paraît attester du statut social élevé de son propriétaire, un « prêtre-pur, prêtre-lecteur et embaumeur du domaine d’Amon ». À ce propos, l’hypothèse de sa position sociale privilégiée semble, d'ailleurs, corroborée par le contenu du mobilier funéraire de ses confrères « prêtres-lecteurs », eux aussi dotés de cercueils et de papyri hors du commun.

Face intérieure de la couverture de momie de Padikhonsou © Lyon MBA

Face intérieure de la couverture
de momie de Padikhonsou (XXIe dynastie),
musée des Beaux-Arts de Lyon,
n° d’inv. H 2321,
image © Lyon MBA – Photo Alain Basset.

 


Étude des bois par María Victoria Asensi Amorós

L'étude des bois conduite par María Victoria Asensi Amorós a permis de déterminer les essences composant notre ensemble funéraire. Ces objets ont été élaborés en Ficus sycomorus L. (figuier sycomore), à l’exception de la main senestre de la couverture de momie et du seul faux-tenon conservé sur le couvercle, qui sont taillés dans du Tamarix type aphylla (tamaris). Ainsi, nous avons affaire à des bois locaux à forte connotation funéraire.   

Localisation du tamaris sur la cuve et sur la couverture de momie de Padikhonsou © Lyon MBA

Localisation du tamaris sur la cuve et sur la couverture de momie de Padikhonsou
(XXIe dynastie), musée des Beaux-Arts de Lyon, n° d'inv. H 2320 - H 2321,
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset 


Publication

La publication de ce matériel funéraire inédit interviendra au cours de l’année 2015, sous la forme d'un ouvrage scientifique édité par Harrassowitz, dans la collection Studien zum Altägyptischen Totentexten, dirigée par le Professeur d’égyptologie de l’Université de Tübingen, Christian Leitz.

Ce livre comprendra :

  •  une description complète de la décoration
  • une traduction exhaustive des inscriptions
  • une étude du nom et des titres du propriétaire du cercueil et de la couverture de momie
  • une étude des méthodes de fabrication de cet équipement funéraire
  • une analyse des bois réalisée par María Victoria Asensi Amorós, égyptologue et experte en micrographie des Bois (UPMC-Paris VI).

Partenaires

La région Rhône-Alpes est partenaire de ce projet dans la mesure où elle m’a financé une année de recherche (2013-2014), par le biais d'un post-doctorat Explora Pro, réalisé en Allemagne. À Tübingen, j'ai bénéficié de l'accès illimité aux locaux de l'Institut d'Égyptologie (IANES). De retour en France, le laboratoire HiSoMA a participé financièrement à la publication de cet ouvrage, ainsi que 53 donateurs privés.

Par ailleurs, je remercie Geneviève Galliano, conservatrice en égyptologie au Musée des Beaux-Arts de Lyon, pour m’avoir confié cette tâche passionnante qu’est la publication des cercueils inédits de la XXIe dynastie. Enfin, les restauratrices Madeleine Fabre et Laure de Guiran, ainsi que María Victoria Asensi Amorós, experte en micrographie des Bois,ont contribué par leurs travaux à l’étude du cercueil et de la couverture de momie de Padikhonsou.

Références

 - Parues :

  • Fr. Jamen, « Cercueil de Padikhonsou », dans G. Galliano (dir.), Un jour, j’achetai une momie : Émile Guimet et l’Égypte antique, Paris, Hazan, 2012, p. 254.

- À paraître :

  • Fr. Jamen, Le cercueil et la couverture de momie de Padikhonsou (Lyon, Musée des Beaux-Arts, H 2320 – H 2321), Studien zum Altägyptischen Totentexten, Wiesbaden,Harrassowitz (à paraître, début 2015).
      
  • Fr. Jamen, “A Textual-Iconographical and Technological Study of Unpublished 21st Dynasty Coffins from Lyon: The Coffins of Padikhonsou (H 2320-H 2321)ˮ, dans A. Amenta, Chr. Greco, H. Guichard (éd.), Proceedings of the First Vatican Coffin Conference. 19-22 June 2013, Rome, Musei Vaticani (sous presse).

Voir aussi le poster (.pdf) réalisé dans le cadre de la journée "Recherches archéologiques récentes sur l’Égypte", organisée par HiSoMA, le 6 décembre 2014.

Communications

  • 7 octobre 2014 : Intervention intitulée : « L’ensemble de cercueils de Padikhonsou (Lyon, Musée des Beaux-Arts, H 2320 – H 2321) », Cercle Lyonnais d’égyptologie, Lyon.

  • 21 juin 2013 : Intervention intitulée : “A Textual-Iconographical and Technological Study of Unpublished 21st Dynasty Coffins from Lyon: The Coffins of Padikhonsou (H 2320-H 2321) ˮ, First Vatican Coffin Conference, Rome. 

Mardi 20 mai 2014


programmeLe 11 avril 2014, une demi-journée d'information présentant le laboratoire HISoMA a été proposée aux doctorants. L'objectif était de montrer comment l'insersion dans le laboratoire - et plus largement dans la MOM - peut nourrir leurs projets de recherche. L'accent a été mis tout particulièrement sur les outils numériques et leur impact sur la conception de la recherche.

Vous trouverez-ci dessous les résumés des interventions ainsi que des liens vers les supports de présentation.

À l'issue de ces présentations, il a été proposé aux doctorants de faire remonter leurs besoins en terme de formation ou d'information. Il est proposé aux doctorants ayant des besoins particuliers de les faire remonter, par l'intermédiaire de leur représentant, Nicolas Genis ou auprès d'Emmanuelle Morlock, coordinatrice de cette matinée.  

Programme des interventions  

9h-10h : Présentation du laboratoire et accueil des doctorants, par Véronique Chankowski

Être inscrit, en tant que doctorant, dans un laboratoire, c'est être partie prenante de perspectives de recherches pensées de manière globale et collective. 

HiSoMA est une UMR (Unité Mixte de Recherche) et associe donc des enseignants-chercheurs, et des chercheurs et ingénieurs de recherche CNRS. Effectifs : entre 150 et 200 personnes, dont 65 doctorants environ.

V. Chankowski a rappelé le contexte actuel de préparation du dossier d'évaluation puis du projet pour le prochain quinquennal (à partir de 2016). Pour les doctorants, participer à l'élaboration de ce prochain quinquennal, c'est mettre ses recherches en lien avec l'actualité scientifique (même si 2016 peut sembler loin pour un certain nombre de doctorants).

Pour l'insertion des doctorants dans le laboratoire, différents points ont été abordés : 

  • possibilités offertes par les séminaires de recherche > élargir son point de vue
  • insertion dans la MOM (thèmes communs, manifestations de la MSH...)
  • exploitation des partenariats existants dans le laboratoire (Écoles françaises à l'Étranger notamment)

Il appartient à chacun de tirer parti de ces possibilités : assister aux séminaires, en devenir acteur, organiser des journées d'étude... Il est recommandé aux doctorants d'utiliser le site internet du laboratoire pour présenter leurs activités.

La direction du laboratoire est disponible pour discuter d'éventuels projets (direction.hisoma@mom.fr). Autres interlocuteurs administratifs : Pascal Payrou (pascal.payrou@univ-lyon2.fr) et Philippe Billoux (philippe.billoux@mom.fr) ; directeur adjoint : Laurent Coulon.

Romain Loriol et Nicolas Genis sont intervenus pour présenter un projet de séminaire sur les approches et méthodes actuelles en sciences de l'Antiquité, qui devrait débuter en octobre prochain, à raison d'une séance d'une heure par mois. Chaque séance consistera en l'intervention d'un chercheur du laboratoire ou de la MSH pour présenter une discipline ou un objet d'étude aux autres membres du laboratoire, pour en donner les principaux outils, références, pièges..., et un exemple précis. Les organisateurs ont la volonté de sortir du format de conférence académique pour donner aux auditeurs les clés pour utiliser tel ou tel type de source, dont ils ne sont pas spécialistes, dans leurs travaux sur l'Antiquité. support de présentation

[Compte-rendu de Nicolas Genis] 

10h : Quelques clés pour aborder les « Digital Humanities », par Emmanuelle Morlock

A l'intersection des technologies numériques et des SHS, les "Humanités numériques" renvoient-il à un ensemble de pratiques, à une nouvelle discipline ou un champ de recherche à part entière ? Difficile de répondre tant la notion paraît protéiforme, mouvante et en constante redéfinition. Il semble bien cependant qu'un véritable changement est à l'oeuvre dans les pratiques et les méthodologies de recherche qui peuvent intéresser plus particulièrement les jeunes chercheurs qui se lançant dans une carrière académique. En effet, faire des humanités numérique n'implique pas nécessairement de devenir un spécialiste des technologies. Il nécessite cependant d'acquérir une culture de base permettant d'identifier les méthodologies et outils adaptés à son projet ou de dialoguer avec les experts qui maîtrisent ces technologies. En guise d'introduction aux humanités numériques en général, cette présentation passera rapidement en revue quelques concepts et notions "clés" pouvant servir de points de repères pour les aborder. support de présentation

10h15 : De la pierre à l’écran : l’expérience d’une épigraphiste-philologue dans le domaine de l’édition numérique, par Eleonora Santin

Qu'est-ce que cela implique qu'être doctorant en 2014 et envisager sous une forme renouvelée la structure de son étude et l'édition de ses résultats ?

Cette présentation soulève les questions fondamentales à se poser, en début de parcours, sur l'archivage, l'hébergement, l'organisation et l'édition des données de la recherche.

La présentation de l'éventail des choix possibles est suivie d'une rapide mise au point sur l'intérêt de la publication numérique dans le domaine de l'épigraphie. Par un exemple concret, on montre l'un des ses plus grands avantages, qui consiste à replacer un objet archéologique porteur de texte dans le contexte (le plus proche possible de celui) d'origine et à l’inscrire au centre d'un réseau d'informations partagées et réutilisables. support de la présentation

10h30 : La chaîne éditoriale à l’heure de l’édition multi-supports, par Elysabeth Hue-Gay

La chaîne éditoriale s’appuie sur une longue tradition dont le numérique vient à la fois conforter les principes et les remettre en question. Les exigences de qualité du travail éditorial ne sauraient être différentes qu’il s’agisse de publication imprimée ou numérique. Mais l’édition muti-supports oblige à une clarification des étapes de la chaîne éditoriale et à de nombreuses explicitations dans l’énonciation des contenus. Si beaucoup d’inconnues semblent parfois menacer l’avenir du livre et de l’édition, le numérique est aussi l’occasion d’établir de bonnes pratiques, celles qui garantissent au mieux la qualité scientifique de la publication, qui en assurent la lisibilité (format ouvert et pérenne), l’utilisabilité (indexable, copiable, annotable) et la citabilité. support de la présentation

11h15 : À la pêche aux inscriptions sur le web ou comment reserrer les mailles du filet, par Jean-Claude Decourt

Les sites consacrés à l'épigraphie grecque et latine sont, pour l'instant en nombre limités et, pour certains d'entre eux, n'apparaissent que comme des pages spécialisées au sein  de sites plus vastes, consacrés à ce que les Anglo-saxons  appellent  les "classics", dans lesquels la littérature tient une place prépondérante. Sur le cahier de recherche "Ecdotique" d'Hypothèse.org, on trouvera un tentative de classement de ces sites par grandes catégories : sites associatifs, sites  de corpus, sites portails, site pour l'enseignement secopndaire ou supérieur avec quelques mises en garde sur leur utilisation. support de la présentation

11h30 : Gestion des données de la recherche et outils de SIG, par Alexandre Rabot

Dans le champ de l'archéologie, la gestion des données de la recherche pose un défi croissant ; l'enjeu est en particulier, via l'exploitation des métadonnées, de les informer et les localiser, de façon pérenne, transmissible et univoque. Le laboratoire explore donc des pistes de travail, des outils, des méthodes dont la qualité et l'ergonomie peuvent être aisément pris en charge par les chercheurs, les ingénieurs, les doctorants au sein de leurs projets. 

support de présentation et quelques liens (.doc)

11h45 : Gérer ses références bibliographiques avec Zotero ; introduction aux archives ouvertes et dépôt sur HAL, par Marie Chebance

support de présentation

12h : Le Pôle Systèmes d’Information de la MSH MOM : un soutien à vos projets de recherche, par Bruno Morandière

support de présentation

12h15 : Votre présence sur les sites institutionnels et vos actions de communication à la MSH MOM, par Caroline Develay et Claudine Maréchal

La refonte des sites de la MSH MOM a permis de mettre en place un outil de gestion de contenu offrant à chaque membre du laboratoire une appropriation personnelle et autonome de leur page répertoriée dans l'annuaire du laboratoire. L'accès à ce Webediteur est accessible après de courtes formations mises en place par C. Develay

Nous avons évoqué l'importance de la communication autour d'événements auxquels peuvent participer les doctorants et leur diffusion. Le service communication peut apporter son aide et son expérience dans le montage et l'organisation de ces événements.

Mercredi 30 avril 2014

Premier musée européen de Paléosismologie et d'Archéosismologie à Tyrnavo (Thessalie, Grèce)
Engagés dans des programmes de recherche pluridisciplinaires sur l'histoire sismique de la Thessalie, Riccardo Caputo, géologue, professeur à l'Université de Ferrare, département de physique et sciences de la Terre, et Bruno Helly, archéologue, directeur de recherche au laboratoire HiSoMA de la MSH Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean-Pouilloux à Lyon, ont élaboré en 2003 le projet d'un musée européen de Paléosismologie et d'Archéosismologie, première réalisation en Europe d'un tel musée, après celui qui se trouve au Japon à Kobe sur la faille de Nojima (île d'Awaji, Japon), responsable du séisme de 1995... 

Dès 2003, Riccardo Caputo et Bruno Helly ont engagé la réalisation des premières installations de ce musée, à partir de deux tranchées ouvertes directement sur la faille active identifiée à proximité de la ville de Tyrnavo (Thessalie), avec le concours actif de la municipalité de cette ville.

 

Poster de présentation du Musée de paléosismologie et géologie des séismes

Ce projet de musée vient de recevoir une reconnaissance officielle par la création d'un centre de recherche associant l'Université Aristote de Thessalonique, l'Université de Ferrare et la ville de Tyrnavo. Ce centre dénommé Center for Research and Education for Geology of Earthquakes of the Municipality of Tyrnavo (Thessaly, Greece) a son siège à l'Université Aristote de Thessalonique, il est doté d'un Conseil d'administration et d'un Conseil scientifique.

Aux côtés des plus hautes autorités scientifiques de l'Université de Thessalonique et des représentants de la ville de Tyrnavo, Riccardo Caputo et Bruno Helly ont été désignés comme représentants de l'Université de Ferrare. Le professeur Caputo a été nommé directeur du Conseil scientifique.

Le Centre a pour mission d'assurer le fonctionnement du musée et l'entretien de ses installations, la réalisation de programmes de recherche et de formation nationaux et internationaux, avec la participation d'étudiants, de chercheurs et de professionnels, l'accueil du public à tous les niveaux, notamment par son insertion dans les réseaux de tourisme scientifique, et enfin de contribuer au développement et à la connaissance de la Région Thessalie.

 Organisation générale du musée

 

Vue de la tranchée principale sous abri © B. Helly et R. Caputo 

Jeudi 06 mars 2014

La mission du désert Oriental est dirigée depuis janvier 2013 par Bérangère Redon (CNRS / HiSoMA), en collaboration avec Thomas Faucher (CNRS / IRAMAT-CEB), qui succèdent à la tête de la mission à Hélène Cuvigny (CNRS / IRHT). La mission est soutenue depuis l’origine par l’IFAO et le MAE, et, depuis 2013, par le laboratoire HiSoMA du CNRS.

Après avoir exploré pendant une vingtaine d’années les fortins romains de la région (cf. le site de l’IFAO), l’équipe a récemment orienté ses recherches vers l’occupation du désert Oriental à l’époque ptolémaïque (331-30 av. J.-C.).

La mission française du désert Oriental a débuté son exploration par le district de Samut, entre Edfou et Marsa Alam (pour une présentation complète, voir la page dédiée à la mission sur le site d’HiSoMA et le blog de la mission. La première campagne a eu lieu du 13 janvier au 6 février 2014 et les premiers résultats sont d’ores et déjà exceptionnels.

Samut 2014 - zone étudiée

Fig. 1 : Carte du désert Oriental (fond de carte BingMap)

Présentation de la zone étudiée

Le district de Samut est situé dans une zone de contact géologique riche en minéralisations aurifères. Elles se caractérisent, en surface, par de longs filons de quartz qui courent souvent sur les crêtes des collines.

Samut 2014 - filons

Fig. 2 : Le filon principal de Samut nord (© Th. Faucher).

La zone a été exploitée de longue date ; dans un espace de 100 km², une dizaine d’aménagements antiques ont été repérés, qui s’échelonnent du Nouvel Empire à l’époque omeyyade. A la fois lieux de vie et ateliers minéralurgiques, les vestiges les plus imposants datent de l’époque ptolémaïque et se concentrent sur deux sites principaux, Samut nord et Bir Samut.

Samut nord, la mine principale

Samut nord est indubitablement le site majeur lié à la production de l’or dans le district. Il se compose d’un filon principal, exploité sur une longueur apparente de 277 mètres. En surface, quatre attaques en puits sont toujours accessibles.

L’équipe formée de Florian Téreygeol, Adrien Arles et Joseph Gauthier a pu les explorer et les topographier cette année, grâce à la mise en place de systèmes de descente sécurisés et à l’utilisation d’un matériel spéléologique classique. Le principal apport de l’exploration concerne la chronologie de l’exploitation minière de la zone : il est en effet apparu clairement que les puits étaient modernes, sans doute attribuables aux activités d'une compagnie minière anglaise en 1903. La mine ptolémaïque quant à elle a été exploitée principalement à ciel ouvert, même si plusieurs galeries ont également été creusées dans le filon.

Samut 2014 - mine

Fig. 3 : Exploration de la mine (© Fl. Téreygeol).

En parallèle avec ces travaux, le bâtiment 1, principal édifice de Samut nord, a été fouillé par Thomas Faucher et Bérangère Redon. Approximativement rectangulaire (58 x 36 m), il comprend quatre corps de bâtiments construits autour d’une cour centrale.

Samut 2014 - Aile est

Fig. 4 : L’aile orientale du bâtiment 1 de Samut nord en cours de fouille (© B. Redon).

Des travaux récents ont entraîné la destruction du quart du bâtiment (voir plus bas), mais le reste a pu être entièrement fouillé, à l’exception de deux pièces au nord. Au total, 20 pièces ont été sondées. Elles ont toutes connu une seule phase d’occupation située à la fin du IVe s.-début du IIIe s. av. J.-C., ce qu’indique le mobilier laissé sur place. La fonction des pièces n’a pas pu être systématiquement déterminée, mais quelques vestiges sont clairs, notamment ceux de la cuisine principale du bâtiment. Celle-ci – équipée d’une batterie de trois fours, de quatre petits silos constitués par des amphores dont le fonds et le col ont été sectionnés, et d’un grand four qui faisait saillie sur l’extérieur du bâtiment – a fait l’objet d’un relevé photogrammétrique par Olivier Onézime et Gaël Pollin.

Samut 2014 - cuisine

Fig. 5 : La cuisine du bâtiment 1 de Samut (© B. Redon).

Notre équipe a également conduit la fouille d’un four, peut-être lié au traitement du minerai ainsi qu’une forge. Cette dernière, située à proximité du filon devait alimenter l’exploitation minière en outils ; mais on y fabriquait aussi sans doute les objets quotidiens nécessaire à la vie des habitants du district minier. Enfin, une grande structure formée de deux constructions circulaires et adjacentes située en contrebas du filon ont été explorées en fin  de mission ; par manque de temps, elles n’ont pas été entièrement dégagées, mais nous avons tout de même pu constater leur excellent état de préservation, malgré des travaux récents dans la zone. Nous avons émis l’hypothèse d’y voir des laveries, un type de structure que l’on rencontre ailleurs en contexte minier (en Égypte comme en Grèce) et qui servait à séparer le sédiment stérile des fractions lourdes contenant l’or. Mais cette hypothèse restera à vérifier par la fouille totale des vestiges.

Samut 2014 - laveries

Fig. 6 : Photo des laveries (?) en cours de dégagements (© Th. Faucher).

Bir Samut, le fortin de plaine

Le bâtiment le plus important du site de Bir Samut est un fortin édifié à l’époque ptolémaïque. Contrairement au bâtiment n° 1 de Samut nord, dont l’aspect défensif est seulement dû à sa position dominante dans le paysage, il s’agit sans conteste d’un fort, muni de trois tours d’angle (la quatrième ayant disparue, emportée anciennement par le wadi voisin).

Samut 2014 - Bastion NE

Fig. 7 : Le bastion nord-est du fort de Bir Samut (© J.-P. Brun).

La fouille du site a été conduite par Jean-Pierre Brun, avec une équipe d’ouvriers menés par Baghdadi Mohamed Abdallah.

Nos travaux ont permis :

  • de fouiller le dépotoir, en danger de disparition rapide (voir plus bas) car situé à l’extérieur des remparts du fort ;

  • de réaliser le relevé du fort ;

  • de cartographier et enregistrer les vestiges situés dans les environs, en essayant de les identifier (chronologie, fonction).

Nous avons ainsi pu déterminer que le fort avait été occupé sur une période plus longue que le bâtiment 1 de Samut nord. Le survey réalisé dans les alentours a permis de recenser 14 autres zones d’occupation, qui ont livré des traces d’aménagements antérieurs (époque pharaonique, datation à préciser), de même qu’une réoccupation d’époque romaine (plusieurs tombes sont attribuables à cette époque).

Samut 2014 - Carte Bir

Fig. 8 : Vue satellitaire de Bir Samut avec indications de l’emplacement des vestiges (A-Q) (© J.-P. Brun, sur un fond de carte GeoEye1).

Dans les dépotoirs, plus de 400 ostraca ont été découverts ; ils sont pour moitié écrits en grec, et pour moitié en démotique. Déchiffrés par Hélène Cuvigny, Marie-Pierre Chaufray et Adam Bülow-Jacobsen, ils sont encore en cours d’analyse. Ce sont essentiellement des comptes (de nourriture, d’eau), des listes de noms et des lettres, mais aucune activité liée à l’or n’y a, pour le moment, été décelée.

L’étude du matériel

Le matériel le plus abondant issu de nos fouilles est formé sans conteste par la céramique. Jean-Pierre Brun, aidé de Khaled Zaza pour les dessins, a fait l’étude de l’ensemble du mobilier découvert à Samut nord. Le matériel de Bir Samut, plus abondant, sera étudié par la suite par Jennifer Gates-Foster.

Charlène Bouchaud est quant à elle en charge de l’étude des macro-restes végétaux de Samut (charbons de bois, restes de fruits et de graines). Après avoir tamisé les échantillons prélevés par les archéologues (et constitués essentiellement de cendres et de « soil samples »), elle a procédé à une première analyse des restes carbonisés ou desséchés à l’œil nu, puis à la loupe binoculaire. Pour permettre des analyses plus fines, 77 échantillons ont ensuite été exportés au laboratoire d’analyse des matériaux de l’IFAO.

Samut 2014 - Tamisage

Fig. 9 : Tamisage des prélèvements (© A. Bülow-Jacobsen).

Des sites en danger

Malgré le grand intérêt des vestiges archéologiques explorés par la mission, la zone de Samut est en danger de disparition, en raison d’une nouvelle ruée vers l’or, qui touche toutes les zones aurifères du désert Oriental. À Samut Nord, une compagnie minière souhaite reprendre l'exploitation du filon aurifère voisin. Des opérations préparatoires ont déjà fait disparaître en 2013 une partie des vestiges, et le site entier est menacé à court terme d'une disparition complète. À Bir Samut, des particuliers, à la recherche d'or, et munis de détecteurs de métaux et de pelles mécaniques, se sont attaqués au fortin. Ils ont ainsi creusé plusieurs tranchées dans le dépotoir, l'angle sud-ouest et la porte du bâtiment. Cette course moderne - et souvent anarchique - vers l'or risque de faire disparaître des vestiges qui avaient été préservés presque intacts depuis près de 2300 ans. La situation est alarmante et concerne malheureusement tout le désert Oriental. Cela donne à notre mission un caractère d’urgence, auquel nous tentons de faire face grâce à la grande motivation de notre équipe.

Samut 2014 - pelle mécanique

Fig. 10 : Un bulldozer dans le désert (© Ch. Bouchaud).


L’équipe de 2014

Bérangère Redon (directrice, archéologue, CNRS, HiSoMA, Lyon) ; Thomas Faucher (directeur adjoint, archéologue, numismate, CNRS, IRAMAT, Orléans) ; Adrien Arles (archéométallurgiste, spéléologue, responsable d’opération, ARKEMINE SA) ; Charlène Bouchaud (archéobotaniste, Museum national d’histoire naturelle, Paris) ; Adam Bülow-Jacobsen (papyrologue, photographe) ; Jean-Pierre Brun (archéologue, céramologue, Collège de France) ; Marie-Pierre Chaufray (papyrologue, université de Bordeaux) ; Hélène Cuvigny (papyrologue, CNRS, IRHT, Paris) ; Joseph Gauthier (archéométallurgiste, spéléologue, post-doctorant, universités de Haute Alsace et de Bochum) ; Olivier Onézime (topographe, IFAO) ; Gaël Pollin (photographe, IFAO) ; Florian Téreygeol (archéométallurgiste, spéléologue, CNRS, IRAMAT UMR 5060, Belfort) ; Khaled Zaza (dessinateur, IFAO). Mahmoud Ahmed Hussein représentait le Conseil Suprême des Antiquités et 21 ouvriers ont travaillé sous la direction de Baghdadi Mohamed Abdallah.

Samut 2014 - Equipe

Fig. 11 : L’équipe de la mission du désert Oriental en janvier 2014 (© A. Bülow-Jacobsen).

 

Bérangère Redon - CNRS / HiSoMA - Mars 2014. 

Mercredi 04 décembre 2013

Participation de Laure Basset à l'émission La Fabrique de l'Histoire de France Culture consacrée cette semaine au luxe.
Thème du débat "Le luxe à Rome".
- mercredi 4 décembre 2013 - de 9h à 10h
- Accès à l'émission

Lundi 01 juillet 2013

Un aperçu des résultats de la campagne de fouilles 2013

Depuis 2000, une équipe dirigée par Laurent Coulon (CNRS / HiSoMA) fouille le secteur des chapelles osiriennes situées au nord de la grande salle hypostyle de Karnak, le long d'une voie dallée menant au temple de Ptah. La fouille est menée grâce au soutien de l'IFAO, du CFEETK, des UMR HiSoMA et Orient et Méditerranée - Mondes pharaoniques ainsi que de l'INRAP. La douzième saison s'est déroulée du 28 janvier au 6 mars 2013. Les résultats les plus significatifs en sont présentés ici.

Le site et son contexte
La chapelle d'Osiris Ounnefer Maître des aliments est l'un des trois édifices consacrés au dieu des morts qui s'ouvrent sur la sinueuse voie dallée reliant la grande salle hypostyle de Karnak au temple de Ptah, lui-même situé le long de la partie nord de l'enceinte du temple d'Amon de Karnak.

La voie de Ptah et les chapelles osiriennes la bordant (© L. Coulon)

Ces trois édifices ont été construits à l'initiative des Divines adoratrices d'Amon des XXVe-XXVIe dynasties, princesses royales placées successivement par les pharaons kouchites et saïtes à la tête du domaine d'Amon et qui ont particulièrement développé, au sein de celui-ci, les cultes osiriens. La chapelle la plus ancienne date de la fin de la XXVe dynastie, sous le règne de Taharqa et le pontificat de la Divine Adoratrice Chépénoupet II. Les deux autres (dont la chapelle d'Osiris Ounnefer maître des aliments) ont été érigées à l'initiative de la Divine Adoratrice Ankhnesnéferibrê sous les règnes d'Amasis et de Psammétique III, entre 570 et 526 av. J.-C. 

La chapelle d'Osiris Ounnefer Neb Djefaou (au premier plan) et la chapelle dite d'Osiris maître de l'éternité (© L. Coulon)
 
La construction de ces chapelles est à mettre en relation avec le développement au nord du temple d'Amon et à l'ouest du temple d'Amon-Rê-Montou du quartier résidentiel de la Divine Adoratrice et du Harem qui lui était associé, vaste complexe dont les vestiges, encore visibles au XIXe siècle et au début du XXe siècle, ont maintenant presque entièrement disparu avec le développement du village moderne de Naga Malgata.

Reconstruire la chapelle : du dessin à l'anastylose
Les ravages du temps subis par la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb Djefaou ont encore été aggravés par les prélèvements de blocs et les dégagements rapides effectués par les premiers explorateurs de Karnak au XIXe siècle, Karl Lepsius et Anthony Harris notamment.

 La chapelle d'Osiris Ounnefer Neb Djefaou en 2000, avant le début de la fouille (© Ph. Groscaux, CFEETK)

L'étude du bâtiment que nous menons actuellement s'attache évidemment en premier lieu à déterminer sa configuration antique et ses décors et à les restituer le plus fidèlement possible. La reconstruction de la chapelle, aussi bien "virtuelle", par les dessins destinés à servir de base à la publication, que "réelle" par la restauration et l'anastylose, est entrée dans une phase d'achèvement cette saison. D'abord réalisés sous forme de dessins à l'encre sur calques par Rachid Migalla, les relevés épigraphiques ont été repris sous forme informatique et finalisés par Khaled Zaza et Anna Guillou. La technique des relevés s'appuie sur l'usage de plastiques sur lesquels les reliefs sont dessinés au feutre avant d'être photographiés à l'échelle.

 Relevé épigraphique des scènes du corridor de la première porte à l'aide de films plastiques (©  L. Coulon)
Les dessins assemblés sont ensuite vectorisés sur Illustrator. Sur les dessins finaux, des éléments épars ou copiés autrefois et maintenant disparus sont replacés. La campagne 2013 a permis de réaliser une ultime campagne de vérifications et d'ajustements sur les dessins destinés au volume consacré à la publication épigraphique de la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb-Djefaou.     

D'un point de vue architectural, les relevés effectués par Laurent Vallières ont permis d'assurer un certain nombre de restitutions, notamment pour la façade de la première porte ou la deuxième porte menant au naos. Ces restitutions apportent évidemment des compléments essentiels à l'étude épigraphique. Pour ce qui est du naos, des blocs appartenant à la corniche latérale ont pu être remis en place cette saison, grâce au concours d'Antoine Garric et son équipe.

Restauration en cours de la partie supérieure du naos (©  L. Coulon)

Suite à la pose d'une structure métallique de renfort en 2012 et d'un fragment de linteau neuf permettant de la masquer, la partie supérieure de ce linteau a été également taillée et posée cette année.
Le programme de restauration des murs en brique de la chapelle, initié en 2010, a été poursuivi cette saison.

Restauration du mur d'enceinte en brique crue, partie occidentale, au sud-ouest du naos (©  L. Coulon)

La partie ouest de l'enceinte de la  chapelle a été reconstruite.

État de la restauration de la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb Djefaou à la fin de la saison 2013. (© L. Coulon)

Parallèlement, les parties dégradées du dallage de la chapelle ont été complétées par un dallage neuf.

Dallage restauré dans la salle hypostyle de la la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb Djefaou. (© L. Coulon)

L'achèvement de cette restauration est prévu pour 2014.

Les fondations de la chapelle et les niveaux antérieurs.
L'exploration systématique des fondations du bâtiment a été poursuivie cette année dans la zone de la première porte, de la salle hypostyle, aux abords du naos et au nord de l'enceinte de la chapelle, sous la responsabilité de Cyril Giorgi. Ces différents sondages ont permis d'affiner la connaissance de la structure soutenant la chapelle comme des phases antérieures d'occupation de cet espace.

• Les fondations            
Les sondages effectués les saisons précédentes et cette année montrent que la chapelle a été construite sur différentes plateformes de fondations en briques crues indépendantes les unes des autres. Ainsi, les colonnes de la salle hypostyle reposent par paires sur deux plateformes parallèles à l'axe de la chapelle, épaisses de quatre lits de briques. Le naos est quant à lui installé sur une plateforme d'environ 25 m2, de même largeur que lui mais qui déborde nettement à l'est par rapport à sa façade. Un dépôt d'un type particulier a été découvert à l'angle nord-est de cette plateforme. Il était constitué d'une jarre de grandes dimensions, près de l'ouverture de laquelle ont été découverts des fragments d'objets en bronze provenant très probablement de statues osiriennes.

Jarre en dépôt à l'angle nord-est de la plateforme de fondation du naos de la chapelle (© C. Giorgi)

Fragment de couronne osirienne découvert à proximité de la jarre (© Fr. Payraudeau)

• Une nouvelle chapelle ?
À l'angle nord-ouest de l'édifice, un sondage a révélé l'existence d'un dallage appartenant à un édifice antérieur à la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb-Djefaou et sur lequel a été fondé l'enceinte de celle-ci.

Partie nord-ouest de la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb-Djefaou avec, au premier plan, le dallage d'un édifice antérieur à la construction de l'enceinte (© C. Giorgi)

Il est composé de larges dalles de grès et de calcaire. Sur cette surface ont été mis au jour une céramique finement décorée, d’une tête de cobra en pierre qui orne généralement des frises architecturales, une pointe de flèche, ainsi que divers fragments de feuilles d’or.  Un mur de briques borde cet espace à l'est, mais ses autres limites ne nous sont à ce jour pas connues. Il est plausible qu'il s'agisse là des vestiges d'un édifice osirien antérieur, qui daterait peut-être de la première moitié de la XXVIe dynastie ; les travaux des années précédentes ont pu montrer que plusieurs éléments d'une chapelle de Néchao II ont été remployés dans le secteur et, bien que cela ne soit à ce stade qu'une supposition, pourraient être mis en relation avec cette structure.

• Les installations culinaires de la Troisième Période intermédiaire          
Un sondage réalisé au nord du naos lors des saisons précédentes a été repris dans le but d’étudier une petite zone d’activité déjà mis au jour, qui a pu être datée de la fin de la Troisième période intermédiaire - début de la XXVe dynastie.

Installations culinaires de la Troisième Période intermédiaire au nord-ouest de la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb-Djefaou (© C. Giorgi)

Cette zone se compose d’un grand four domestique ainsi que d’une série de petites fosses dépotoirs aménagées par l’intermédiaire de petits murets de brique crues et de blocs de réemploi épigraphiés.

L'importante quantité de matériel céramique issue de ces niveaux, cette saison comme les années précédentes, fait l'objet d'une étude fine de chrono-typologie menée par Catherine Defernez et Stéphanie Boulet.

• L'enceinte au nom du grand prêtre d'Amon Menkheperrê (XXIe dynastie)
Au sud du naos, un massif de briques crues estampillées avait été mis au jour en 2012, révélant la présence d'une enceinte au nom du grand prêtre d'Amon Menkhéperrê (fils du roi thébain Pinedjem Ier, grand prêtre d’Amon à Thèbes vers 1039-990). Cette saison, le mur a bénéficié d’un nettoyage plus fin dans le but de prélever une brique et de réaliser une étude plus complète et de mettre en place un protocole de conservation. Lors de ce nettoyage d’autres types d’estampilles ont pu être identifiées par Fréderic Payraudeau.

Le parvis de la chapelle
Lors des précédentes saisons, une coupe stratigraphique avait été réalisée entre la voie de Ptah et la première porte de la chapelle et la fouille de la partie sud du parvis de la celle-ci avait été entreprise. Cette saison, un sondage a été effectué entre les niveaux inférieurs (XXVe-XXVIe dyn.) du massif secondaire situé au sud du parvis de la chapelle et la voie de Ptah afin d'identifier d’éventuels niveaux de circulation et les mettre en relation avec la rampe d’accès à la chapelle. Malgré une grande quantité de vestiges mobiliers et un sol marqué par une forte anthropisation, la fenêtre d’étude n’a permis d’identifier que des niveaux circulatoires partiellement conservés en raison des différentes modifications séculaires de la zone.

Le « quartier » ptolémaïque
A l’extérieur de la chapelle, entre la voie de Ptah et la façade de la chapelle d’Osiris Ounnefer Neb-djefaou, des structures d’époque ptolémaïque, interprétées comme les vestiges d’un atelier monétaire, avaient été fouillés en 2008. Dans le prolongement de ces travaux, une fouille a été menée par Thomas Faucher dans la partie sud du massif secondaire sur une surface de 20 m².

Zone d'occupation ptolémaïque en bordure de la voie de Ptah (© C. Giorgi)
Une vaste zone construite en brique crue (murs, sols), qui s’étend sur toute la surface comprise entre la voie de Ptah et le temenos, semble s’organiser sur de nombreux niveaux d’occupations riches en vestiges céramiques, métalliques et en scories, où quelques fours ont été perçus. Le protocole de fouille mis en place (prélèvements de limons) a permis grâce à un tamisage fin et des travaux en laboratoire (étude microscope) de révéler la présence de micro déchets cuivreux, à mettre potentiellement en relation avec la zone d’atelier de bronzier.

De plus, une étude métallographique des vestiges issus de l’atelier de monétaire a été entrepris par Valérie Pichot, permettant une première reconnaissance des différents éléments recueillis cette année et les années précédentes et d’en affiner l’étude par la suite.

Composition de l'équipe en 2013 :

L'équipe du chantier de la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb Djefaou en 2013 ( © G. Pollin / IFAO)            

- Laurent COULON (égyptologue, CNRS - HiSoMA), Cyril GIORGI (archéologue, INRAP), Catherine DEFERNEZ (archéologue-céramologue, Orient et Méditerranée 'Mondes pharaoniques'), Hassan EL-AMIR (restaurateur, IFAO), Frédéric PAYRAUDEAU (égyptologue, Collège de France), Valérie Pichot (archéologue, Cealex), Gaël Pollin (photographe, IFAO), Laurent VALLIÈRES (topographe, INRAP), Alexandre RABOT (archéologue, Université de Lyon 2 - HiSoMA), Thomas FAUCHER (numismate-archéologue, IFAO), Anna GUILLOU (archéologue-dessinatrice, Amiens), KHALED ZAZA (dessinateur, IFAO), Stéphanie BOULET (céramologue, ULB Bruxelles) et Sylvie Marchand (céramologue, IFAO). Antoine GARRIC (tailleur de pierre, CFEETK) a participé à la restauration de la chapelle.- Nubi Mahmoud et Ghada Ibrahim, inspecteurs, représentaient le Conseil Suprême des Antiquités sous la direction d'Ibrahim SOLIMAN, directeur du temple de Karnak.
Les ouvriers sont dirigés par le Raïs Mahmoud Farouk.

Bibliographie (Karnak, sanctuaires osiriens)

- Figures :

• Fig1 : La voie de Ptah et les chapelles osiriennes la bordant (© L. Coulon)
• Fig2 : La chapelle d'Osiris Ounnefer Neb Djefaou (au premier plan) et la chapelle dite d'Osiris maître de l'éternité (© L. Coulon)
• Fig3 : La chapelle d'Osiris Ounnefer Neb Djefaou en 2000, avant le début de la fouille (© Ph. Groscaux, CFEETK)
• Fig4 : Relevé épigraphique des scènes du corridor de la première porte à l'aide de films plastiques (©  L. Coulon)
• Fig5 : Restauration en cours de la partie supérieure du naos (©  L. Coulon)
• Fig6 : Restauration du mur d'enceinte en brique crue, partie occidentale, au sud-ouest du naos (©  L. Coulon)
• Fig7 : État de la restauration de la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb Djefaou à la fin de la saison 2013. (© L. Coulon)
• Fig8 : Dallage restauré dans la salle hypostyle de la la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb Djefaou. (© L. Coulon)
• Fig9 : Jarre en dépôt à l'angle nord-est de la plateforme de fondation du naos de la chapelle (© C. Giorgi)
• Fig10 : Fragment de couronne osirienne découvert à proximité de la jarre (© Fr. Payraudeau)
• Fig11 : Partie nord-ouest de la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb-Djefaou avec, au premier plan, le dallage d'un édifice antérieur à la construction de l'enceinte (© C. Giorgi)
• Fig12 : Installations culinaires de la Troisième Période intermédiaire au nord-ouest de la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb-Djefaou (© C. Giorgi)
• Fig13 : Zone d'occupation ptolémaïque en bordure de la voie de Ptah (© C. Giorgi)
• Fig14 : L'équipe du chantier de la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb Djefaou en 2013 (© G. Pollin / IFAO)

Mercredi 27 mars 2013

La table-ronde « Ecdotique : l'édition des textes anciens en devenir » s'est tenue à Lyon, le 8 mars 2013, dans les locaux de l'Institut des Sources Chrétiennes où le stage d'ecdotique venait d'avoir lieu. Ce stage, qui regroupe chaque année des étudiants venus de France et d’autres pays, avait mis à l’honneur dès 1994, sur la suggestion du papyrologue Louis Doutreleau, le terme « ecdotique » qui désigne l’art d’éditer des textes ou, plus largement, des sources.

L'événement, organisé par le laboratoire HiSoMA (Histoire et sources des mondes antiques), avait pour but de manifester l'intérêt et l'importance des éditions critiques en cours à Lyon comme ailleurs et de permettre des échanges sur les méthodes employées, les difficultés rencontrées ou les nouvelles perspectives, dans une démarche pluridisciplinaire. Historiens ou littéraires, archéologues ou purs philologues, épigraphistes ou papyrologues, antiquisants ou médiévistes, latinistes, hellénistes ou spécialistes de langues orientales, ils sont nombreux, en effet, à pratiquer le même art : l'ecdotique ignore le cloisonnement des disciplines universitaires.

Pour sa première édition, cette table-ronde a accueilli principalement des éditeurs de textes médiévaux ou patristiques, permettant notamment de fructueux échanges entre divers spécialistes des lexiques latins.

Après un rapide tour de table, Franck Cinato, du Laboratoire d’histoire des théories linguistiques, ou HTL, a présenté la première communication, intitulée : « L’édition critique du Liber glossarum. Quel Liber éditer ? » En voici le résumé : « Le projet Liber glossarum : Edition of a Carolingian encyclopaedia, dirigé par Anne Grondeux et sélectionné en 2010 par l’European Research Council) permettra de produire la première édition intégrale de cette vaste encyclopédie. Cette édition constitue le socle essentiel à l’analyse des lexicographes médio-latins, car le Liber glossarum matérialise le lien entre l’encyclopédisme d’Isidore de Séville et les dictionnaires alphabétiques du Moyen Âge central. Projet en cours, il permet déjà d’effectuer un dépoussiérage complet de l’histoire de ce texte fondateur de la lexicographie occidentale, dont la conception se joue en toile de fond des grandes réformes de la renovatio carolingienne. Les plus grands savants de l’époque ont été impliqués, avec dans les rôles principaux, Alcuin, Adalhard de Corbie, cousin de Charlemagne, et Théodulf d’Orléans. Sa tradition manuscrite raconte l’histoire d’une fabrication complexe, à laquelle plusieurs centres ont pris part, dans un bouillonnement de textes nourri par un milieu multiculturel. Le résultat a été un énorme outil de référence indémodable jusqu’au XVe siècle où il est imprimé, malgré sa taille imposante et la refonte effectuée par Papias au milieu du XIe siècle. Pourtant, il paraît avoir été diffusé dans la précipitation sans y apporter le degré d’achèvement attendu et bien que plusieurs tentatives de sauvetage semblent avoir eu lieu au cours de la première moitié du IX e siècle, le texte demeura toujours instable. Manipulé tout au long de son histoire, le Liber Glossarum pose un certain nombre de problèmes, qu’une édition électronique pourrait surmonter. »

Camille Gerzaguet, de l’Université d’Aix-marseille, a ensuite offert un exposé sur « Éditer Ambroise de Milan aujourd’hui. Les exemples du De fuga saeculi et du De officiis ». Voici le résumé qu’elle en fait : « Depuis le colloque Lire et éditer Ambroise de Milan aujourd’hui qui s’est tenu à Metz en 2005, de nouvelles éditions des œuvres ambrosiennes commencent à paraître. Le cas le plus récent est celui du De Iacob et uita beata, édité par G. Nauroy et paru en 2010 dans la collection des Sources Chrétiennes. Plusieurs chantiers personnels ou collaboratifs (œuvres exégétiques, correspondance) sont en cours dans cette collection. Ainsi, le De fuga saeculi, auquel j’ai consacré ma thèse de doctorat, est actuellement en préparation. Cette nouvelle édition se justifiait par les défauts de l’édition précédente procurée par K. Schenkl en 1897 à l’occasion du mille cinq centième anniversaire de la mort d’Ambroise et parue dans le CSEL. Si méritoire que fût cette « édition anniversaire », elle n’en présentait pas moins un certain nombre d’insuffisances parmi lesquelles l’absence de stemma codicum et l’exclusion des témoins copiés en Italie de l’établissement du texte sont les plus notables. Il s’agissait donc de construire un stemma et de prendre en compte la version du De fuga saeculi transmise par les témoins italiens. L’édition du De officiis soulève, elle aussi, la question du stemma et de son utilisation, mais sous un angle différent. L’édition de Testard, parue en 1984 dans la Collection des Universités de France et reprise en 2000 dans le Corpus Christianorum, propose un stemma codicum qui est discutable. En effet, non seulement la lecture de l’apparat critique contredit la construction stemmatique, mais deux témoins carolingiens, dont Testard n’a pas tenu compte pour son édition, apportent un éclairage très différent sur la tradition manuscrite. L’étude stemmatique du De officiis est à refaire. »

 

Marie-Karine Lhommé, de l’Université Lumière-Lyon 2, a quant à elle présenté le cas d'un texte transmis par un manuscrit unique : le lexique de Festus. « Le Farnesianus (Naples, Bibl. Naz. IV.A.3, XIe siècle), précise-t-elle, est acéphale et fortement mutilé : une colonne sur deux de texte est brûlée, et seules les sections alphabétiques M à V sont conservées. Redécouvert à la fin du XVe siècle, il perd encore quelques feuillets ou quaternions entiers lorsqu'il circule dans le cercle de l'Académie de Rome : des apographes réalisés à l'époque comblent imparfaitement ces pertes. Fin VIIIe, Paul Diacre avait réalisé un abrégé pour Charlemagne, éliminant nombre d'informations (articles entiers, sources et citations) : une dizaine de manuscrits sont conservés, qui peuvent donner une idée, si l'on prend des précautions, des parties mutilées ou entièrement perdues. » M.-K. Lhommé a alors exposé les différents principes, mérites et défauts des éditions, de la Renaissance aux deux éditions de W. M. Lindsay (Teubner 1913 et Glossaria Latina 1930), jusqu'au récent Festus Lexicon Project (UCL London).

 

Jean Reynard, du CNRS (HiSoMA-Sources Chrétiennes), a abordé et illustré « L'enjeu des versions orientales pour l'édition du Mystère des lettres grecques ». Voici la brève présentation qu’il en fait : « Le Mystère des lettres grecques – ainsi désigné selon un titre reconstitué – est un récit de révélation sur le sens secret de l'alphabet grec, mêlant interprétations graphiques, numériques et sémantiques des lettres. Connu depuis le XVIIIes. par un manuscrit copto-arabe d'Oxford (l'arabe figurant dans les marges du manuscrit), il a excité la curiosité des égyptologues et fait l'objet de diverses études qui l'ont rattaché à tort au courant gnostique. La difficulté redoutable du copte et le caractère peu intelligible du texte lui-même ont fait supposer à ces savants un original grec, mais c'est dans sa version copte qu'il est finalement édité et traduit en 1900 par Hebbelynck. On doit au P. J. Paramelle la découverte, dans les années 1970, de la version grecque dans un manuscrit d'Oxford, le Baroccianus 197. Ce dernier reste notre témoin principal, auquel il faut ajouter deux manuscrits grecs, le Parisinus gr. 2314 et le Laudianus 29, qui donnent la fin du récit. On pourrait croire que cette découverte a enlevé son intérêt aux versions orientales, mais ce n'est pas le cas. D'abord, parce que seules les versions copte et arabe ont conservé le début du texte. Ensuite, parce qu'elles ont chacune leur spécificité : la version copte présente des perspectives originales, puisées dans les traditions égyptiennes, notamment en introduisant les astres dans la description du cosmos et la notion de noun, l'océan primordial égyptien. La version arabe, pour sa part, ne semble pas être une traduction de la version copte à côté de laquelle elle figure, elle s'en éloigne parfois et a sa propre spécificité : elle donne par exemple aux anges un rôle que ne leur accorde pas le copte, à mettre peut-être en rapport avec l'angélogie musulmane. Cependant, cette version n'est pas un texte soigné et présente de nombreuses difficultés. Ces trois traditions textuelles méritent donc d'être étudiées chacune à part et en lien les unes avec les autres. »


La table-ronde s'est conclue sur la présentation par Guillaume Bady, du CNRS (HiSoMA-Sources Chrétiennes), d'un projet de site web, dont le nom reste à trouver. Le site serait consacré à l’ecdotique, et plus particulièrement à l'édition traditionnelle des sources anciennes, en lien, bien sûr, avec l’édition numérique qui a déjà son propre espace sur la toile. L'objectif serait moins de fournir des éléments pédagogiques – qui souvent existent déjà sur internet, surtout pour le latin – que de mettre en réseau l'ensemble des insitutions et des personnes engagées dans l'enseignement ou la pratique de l'ecdotique en France, quelle que soit leur discipline d'origine.

La table-ronde, issue du programme « Ecdotique » (A1) du laboratoire HiSoMA, devrait avoir lieu régulièrement chaque année. Elle est ouverte à toutes personnes intéressées, de Lyon ou d’ailleurs.

Mercredi 16 janvier 2013

Alessandro Garcea, professeur à l'Université de Lyon 2 et membre de l'équipe HiSoMA, présente ses travaux sur les grammairiens latins et le groupe de recherche international qu'il coordonne.

S’ils portent un intérêt considérable tant à la philosophie grecque du langage qu’à la grammaire comme discipline scolaire condensée dans des manuels systématiques, les plus récents manuels d’histoire de la linguistique ne fournissent presque aucune information utile sur les auteurs de la période classique. Dans le volume II de la série Geschichte der Sprachtheorie éditée par le regretté Peter Schmitter, qui porte le titre de Sprachtheorien der abendländischen Antiken (Tübingen, 1991), Daniel J. Taylor, auteur d’un court paragraphe intitulé « Roman Language Science », ne s’occupe que du De lingua Latina, tout en reconnaissant que, « If Varro has eclipsed his contemporaries, that is not to say that they were not either numerous or active » (p. 340). Une sensibilité plus marquée pour cette problématique apparaît dans le tome I de l’Histoire des idées linguistiques, éditée par Sylvain Auroux, dont le titre La naissance des métalangages. En Orient et en Occident (Bruxelles, 1989) situe son objet d’étude dans le cadre non seulement de la représentation abstraite, de nature spéculative, mais aussi des pratiques motivées par la nécessité d’acquérir une compétence spécifique (p. 18). Aussi Françoise Desbordes consacre-t-elle des pages fort intéressantes aux « Idées sur le langage avant la constitution des disciplines spécifiques » et Marc Baratin aborde-t-il avec la plus grande clarté les questions de la « Constitution de la grammaire et de la dialectique » et de « La maturation des analyses grammaticales et dialectiques », pour enfin se pencher sur « Les difficultés de l’analyse syntaxique ». Toujours est-il que les siècles entre la fin de la République et le début de l’Empire ne sont pas étudiés en détail, notamment à cause de l’état fragmentaire des témoignages, comme le reconnaissent à plusieurs reprises les auteurs eux-mêmes de ces chapitres. Et pourtant tous deux mettent en évidence l’intérêt d’un moment historique où il n’y a pas encore de séparation nette entre les domaines scientifiques. Comme le constate Marc Baratin, « La postérité a rejeté cette combinaison de points de vue au nom de la spécificité de chaque discipline » (p. 230) ; et cette rupture, associée à la constitution d’un système monolithique d’enseignement, a joué un rôle déterminant dans la sélection des textes. « Résultat, entre autres – conclut Françoise Desbordes – : disparition d’œuvres inadaptées au cadre scolaire (Varron, par exemple), qui ne subsistent qu’à l’état de citations plus ou moins fidèles » (p. 150).
Sous la direction d’Alessandro Garcea (Université de Lyon 2 – HiSoMA), un groupe de recherche international est en train d’apporter une contribution déterminante à la connaissance encore partielle des débats intellectuels entre la fin du Ier siècle av. J. C. et la fin du IIe siècle apr. J. C., débats dont la richesse, et pas seulement en matière de réflexion sur la langue, a commencé à apparaître grâce à la précieuse synthèse qu’Elisabeth Rawson avait consacrée à l’Intellectual Life in the Late Roman Republic (Londres, 1985). Le projet Fragments of Latin Grammarians (FLG) a été inauguré par l’édition du traité De analogia de César (Oxford, 2012), une œuvre dont on ne saurait sous-estimer le rôle dans l’élaboration d’une conscience métalinguistique romaine, dans le débat sur l’emploi du latin à des fins aussi bien artistiques et littéraires que pragmatiques et, plus largement, dans la proposition d’une politique de la langue. Pour pouvoir replacer les fragments du De analogia dans le contexte de leur création, il a fallu tout d’abord étudier le Brutus de Cicéron, texte qui conserve le plus long extrait du traité césarien, où l’elegantia est reconnue comme la caractéristique principale de l’éloquence du dictateur. Les aspects théoriques de la réforme linguistique prônée par César ont alors pu être identifiés, le dilectus uerborum ayant pour buts principaux le purisme et la clarté. Les questions concernant la nature du De analogia – ars grammatica ou plutôt ouvrage rhétorique – et les critères généraux qui l’informent – l’analogie et l’usage – ont également été abordées. Dans l’analyse des fragments transmis par la tradition grammaticale et portant sur des questions pointues d’orthographe et de morphologie, l’avis de César a été systématiquement comparé avec celui que ses contemporains, notamment Varron, avaient émis, pour essayer reconstituer un modèle général, qui s’est révélé opposé à la pensée de Cicéron. Celui-ci, en effet, dans l’Orator, avait accordé la primauté au souci esthétique de la suauitas, au détriment de l’imposition de normes rationnelles trop contraignantes. Enfin, le De analogia a été mis en rapport avec les préceptes de l’épicurisme en matière d’expression : la place centrale de la σαφήνεια dans les écrits d’Épicure et, à sa suite, de Philodème, peut-être engagé dans une polémique avec Cicéron ; les rapports entre l’éloquence néo-attique, à laquelle César est généralement associé, et la recherche d’un style « naturel » par l’épicurisme ; la correction conventionnelle, explicitement évoquée dans le De analogia (alors que le stoïcisme avait amené Varron sur le terrain glissant des rapports entre l’expression linguistique et l’univers extra-linguistique).
Cette édition a fait l’objet d’une présentation publique lors de la première séance du nouveau cycle de rencontres Parlez-nous de… à la Bibliothèque Diderot, le 27 novembre 2012.


Couverture A. Garcea Caesar's De Analogia

Le travail collectif d’édition se poursuivra avec d’autres textes grammaticaux fragmentaires dans le cadre du colloque international La norme et le pouvoir, qui aura lieu à Lyon les 4-6 avril 2013 et qui verra la participation de : Julia Burghini (Córdoba, Argentine), Maria Silvana Celentano (Chieti), Julie Damaggio (Lyon 2), Alessandro Garcea (Lyon 2), Ramón Gutiérrez González (Bologne), Valeria Lomanto (Turin), Luca Martorelli (Rome – La Sapienza), Marcos Antonio Pérez Alonso (Saragosse), Nicolas Redoutey (Lyon 2), Bruno Rochette (Liège), Maria Chiara Scappaticcio (Naples), Javier Uría (Saragosse), Daniel Vallat (Lyon 2), Marie Viallet (Lyon 2). Une table ronde sera spécifiquement réservée aux rapports entre le pouvoir impérial et les projets de politique linguistique.
    Pour être mis au courant des initiatives et des nouveautés dans notre domaine de recherche, on peut se reporter profitablement au blog Grammaticalia.

Blog Grammaticalia

 

Dimanche 23 décembre 2012

Le 70e anniversaire des Sources Chrétiennes, qui ont contribué à la fondation de la Maison de l’Orient et d’HiSoMA et qui en font naturellement partie, correspond à la parution, à l’automne 1942, du premier numéro de la collection du même nom, La Vie de Moïse par Grégoire de Nysse. Reprenant une idée de Victor Fontoynont, les Pères jésuites Jean Daniélou et Henri de Lubac ont lancé la collection publiée par les Éditions du Cerf – la Compagnie de Jésus s’alliant pour l’occasion aux dominicains – afin de diffuser les textes des auteurs chrétiens des premiers siècles, les « Pères de l’Église ».

premier numéro de la collection Sources Chrétiennes

 Le premier numéro de la collection Sources Chrétiennes

Le P. Claude Mondésert en a ensuite assuré la direction pendant des décennies, durant lesquelles ce qui était au début un modeste secrétariat de collection s’est progressivement développé, grâce à la fondation de l’Association des Amis de Sources Chrétiennes en 1956 et à la création de l’Institut des Sources Chrétiennes en 1967, puis d’une unité CNRS en 1976. L'Institut comprend donc l'équipe CNRS, du personnel de l'AASC et des jésuites, et il est aujourd’hui installé dans les locaux mis à sa disposition par ces derniers. L'Association a été partenaire de la fondation de la MOM en 1975 avec le CNRS, l'Université Lyon 2 et celle de Saint-Étienne. Le lien privilégié avec l’Université Lumière-Lyon 2 ne s’est jamais démenti, grâce, par exemple, à Jean Pouilloux, Jean Rougé ou Guy Sabbah, alors que Louis Holtz, directeur de l’équipe de 1978 à 1988 puis de l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, illustre les multiples liens personnels avec ce dernier. Après l’inusable P. Dominique Bertrand, Jean-Noël Guinot est devenu en 1994 le premier directeur laïc – son successeur, Bernard Meunier, l'est également –, reflétant une évolution qui s’est confirmée dans les années 2000, en même temps que la proportion des femmes dans l’équipe grandissait.

La collection Sources Chrétiennes compte aujourd’hui plus de 550 volumes.

La collection Sources Chrétiennes compte aujourd’hui plus de 550 volumes.

Sorte de « collection Budé » de la littérature chrétienne antique, offrant des éditions bilingues d’écrits en grec, en latin et désormais en plusieurs langues orientales comme le syriaque, la collection des Sources Chrétiennes s’est vite imposée comme une référence mondiale dans ce domaine; en tant que telle, elle a été récompensée en 2009 par le Prix Paul VI, qui est comme un prix Nobel catholique pour l’éducation et la culture. Visant dès l’origine à ce qu’on allait appeler l’œcuménisme, elle a notamment joué un rôle dans le renouveau patristique qui, entre autres inspirations, a nourri les réflexions du concile Vatican II (1962-1965). Facilitant un « retour aux sources » du christianisme et à une période où l’Église était relativement indivise, elle a eu pour ambition première de faire lire des textes au langage volontiers symbolique, proches de la Bible, parfois insuffisamment diffusés ; quant à la prédilection marquée pour les Grecs, elle était destinée à compenser la domination d’Augustin et des Latins – sans parler du thomisme – en Occident. La collection a également contribué à valoriser l’Antiquité tardive comme digne héritière de la culture classique et comme fondatrice d’une partie de la culture moderne.

Parmi les réalisations marquantes comptent la publication d’une grande partie des œuvres d’Origène, le grand Alexandrin, ou des Discours de Grégoire de Nazianze ; celle du chef d’œuvre d’Irénée de Lyon, Contre les hérésies ; celle des Huit catéchèses baptismales de Jean Chrysostome (numéro 50) et, plus récemment, des multiples Histoires ecclésiastiques. À quoi il faut ajouter nombreux volumes de Bernard de Clairvaux dans la série médiévale, et, dans une collection à part, les Œuvres de Philon d’Alexandrie en 36 volumes. Certaines des dernières parutions sont promises à un impact même s'il est plus discret que celui des Entretiens avec un musulman de Manuel II Paléologue (numéro 115) cités en 2006 par le pape : L’Unité de l’Église de Cyprien (numéro 500), le Contre Eunome de Grégoire de Nysse – un sommet de la théologie jusque-là sans traduction française –, ou encore, renouvelant les débats sur l’Esprit saint, les Œuvres théologiques de Nicéphore Blemmydès.

Les locaux des Sources Chrétiennes au 22 rue Sala, Lyon 2e.

  Les locaux des Sources Chrétiennes au 22 rue Sala, Lyon 2e.

Responsable de la collection et soucieux de coordonner les efforts des collègues et collaborateurs en France et dans de nombreux autres pays, l’Institut des Sources Chrétiennes, qui possède sa propre bibliothèque, est depuis longtemps aussi un centre de recherches où le P. Louis Doutreleau, par exemple, s’est illustré en tant que papyrologue. Plus récemment, les Sources Chrétiennes sont entrées dans l’ère informatique, avec leur site web alimenté par une base de données originale, et avec Biblindex, index en ligne des références bibliques dans la littérature juive et chrétienne de l’Antiquité.

Les Sources Chrétiennes sont connues également pour leur activité d’enseignement, notamment avec le stage d’ecdotique, et bientôt avec le mastère en sciences patristiques – là aussi le premier en son genre en France – qui devrait voir le jour en 2013-2014 au sein de l’Université catholique de Lyon.

Nées en pleine guerre, avant même la plupart des institutions contemporaines, les Sources Chrétiennes représentent une entreprise patrimoniale de très longue haleine. Alors qu’elles ont déjà traversé 70 années, et ce sans que jamais leur longévité ne soit vraiment assurée, elles ont encore du travail à accomplir pour de nombreuses autres décennies.

Affiche Les père de l'Église et Vatican II

À l’occasion des 70 ans de la collection « Sources Chrétiennes » et des 50 ans de Vatican II, le mardi 15 janvier 2013, de 17 h 30 à 20 h 30, aura lieu à l’Université catholique de Lyon (salle Burret, 25 rue du Plat 69002) une séance académique co-organisée par la Faculté de Théologie et l’Institut des Sources Chrétiennes, intitulée « Les Pères de l’Église et Vatican II ».

Elle comprendra des interventions de:
- D. Gianotti, Professeur à la Faculté de Théologie de l’Emilia Romagna : « Les Pères de l’Église et Lumen Gentium » ;
- D. Gonnet, s.j., Sources Chrétiennes, « Les Pères et le décret sur La liberté religieuse » ;
- M. Fédou, s.j., Professeur au Centre Sèvres, « Nostra Aetate, l’interreligieux et les Pères de l’église » ;
- F.-M. Humann, « Congar, Vatican II et les Pères de l’église » ;
- Mgr Claude Dagens de l’Académie française, Évêque d’Angoulême : « La nouveauté chrétienne dans les sociétés païennes ».

Pour la collection des Sources chrétiennes voir http://sources-chretiennes.editionsducerf.fr

 

Samedi 24 novembre 2012

A l'occasion de la sortie de son ouvrage "Inscriptions grecques et latines de la Syrie. Tome 17", Jean-Baptiste Yon nous présente ses travaux sur le site de Palmyre.

Le centre de la ville antique de Palmyre à l'Agora et le Théâtre © photo Jean-Baptiste Yon

La cité de Palmyre (aujourd’hui Tadmor dans la steppe syrienne) est bien connue pour ses vestiges d’époque romaine et pour la richesse de son architecture, témoins de plusieurs siècles de prospérité. Elle a livré aussi quantité d’inscriptions, de l’époque romaine (ier-iiie siècle apr. J.-C.), et plus rarement de la période protobyzantine (ive-viiie siècle apr. J.-C.), qui permettent de mettre des noms sur les visages des bustes funéraires et d’attribuer les monuments de la ville à des bienfaiteurs.

 
L'arc monumental © Jean-Baptiste Yon

Elles concernent également la vie municipale, le rôle des notables, celui de l’armée romaine, sans oublier le commerce caravanier. Une part importante du corpus est constituée d’inscriptions funéraires, des textes de fondation et de concession des tombeaux collectifs aux épitaphes les plus simples. 

Cet ensemble permet de reconstituer de manière assez détaillée la société de la ville dans l’Antiquité, ses relations internationales et le poids de la présence romaine.
Ce premier fascicule du volume XVII desInscriptions grecques et latines de la Syrie (IGLS) réunit pour la première fois toutes les inscriptions grecques et latines de la ville. Il regroupe 563 inscriptions grecques, latines, ainsi que bilingues (grecques-araméennes ou latines-araméennes) et trilingues (grecques-latines-araméennes), qui proviennent de la ville même de Palmyre et de ses environs immédiats, en particulier de ses nécropoles.


Inscription bilingue de la reine Zénobie © Jean-Baptiste Yon

 Le classement des inscriptions dans le volume est d’abord topographique : chaque chapitre regroupe les inscriptions d’une quartier ou d’un grand monument de la ville (en partant du sanctuaire de Bel). Les grands ensembles (sanctuaire de Bel, de Baalshamin, de Nabû, agora, grande colonnade, …) ont ainsi été privilégiés, et on a regroupé dans d’autres chapitres des inscriptions plutôt dispersées (nord de la ville antique, sud et est de la ville antique). Le classement est thématique à l’intérieur de chaque chapitre (inscriptions honorifiques : empereurs et rois, gouverneurs et administrations impériales, militaires, prêtres, textes civiques, des tribus, caravaniers, privés, en rapport avec des constructions ; textes religieux païens et chrétiens ; fragments). Les textes funéraires sont rassemblés dans la seconde partie du recueil, rangés par nécropoles, en tentant de rassembler autant qu’on le pouvait les textes appartenant à un même ensemble (une même tombe ou la garnison romaine).


Chapiteaux du sanctuaire de Nabu © Jean-Baptiste Yon

Une des particularités de Palmyre est le fait que les inscriptions sont très majoritairement en araméen : ainsi, on compte plus de 2200 inscriptions araméennes (2800 si l’on compte les tessères), plus de c
inq cents textes grecs, et une cinquantaine de textes latins. Les bilingues (et trilingues dans une moindre mesure) forment une grosse part des cinq cents textes grecs. Cette répartition fait que les grands corpus d’épigraphie « classique » ont parfois négligé les inscriptions grecques et latines du site. Les inscriptions araméennes trouvaient au contraire toute leur place dans les différentes collections d’inscriptions sémitiques, au premier chef le Corpus Inscriptionum Semiticarum publié entre 1926 et 1947 par Jean-Baptiste Chabot, mais aussi plus récemment dans le recueil Palmyrene Aramaic Texts de D.R. Hillers et E. Cussini (Baltimore 1996). L’existence de plusieurs volumes consacrés à l’épigraphie sémitique ainsi que le grand nombre de textes araméens rendaient illusoire l’ambition de rassembler en un seul volume l’ensemble des inscriptions de Palmyre. Toutefois, pour ne pas scinder inutilement la documentation, les versions dans les différentes langues des bilingues et trilingues sont bien entendu traitées de manière égale et complète dans ce corpus du grec et du latin.

 
Bustes funéraires d'un couple au musée de Palmyre © Jean-Baptiste Yon

Cet ouvrage est le résultat de plusieurs années de recherches de terrain, grâce à l’Institut Fernand-Courby,
puis au laboratoire HiSoMA, ainsi qu’à l’IFAPO (devenu Ifpo) en Syrie. Une première étude thématique sur les grandes familles et la société de la ville à l’époque romaine (Les Notables de Palmyre, Beyrouth, 2002) avait permis de rassembler la documentation publiée et d’en étudier plusieurs aspects, tandis qu’un guide présentait le site sous l’angle particulier de l’épigraphie (en collaboration avec Kh. As’ad et T. Fournet, Inscriptions de Palmyre. Promenades épigraphiques dans la ville antique de Palmyre, Guides archéologiques de l’IFAPO n° 3, Beyrouth, 2001), en mettant l’accent sur le rapport entre monuments et inscriptions.
Plusieurs missions sur le terrain depuis 1996 ont permis d’étudier les pierres principalement sur le site archéologique et au musée de Palmyre, lieux où un grand nombre de textes épigraphiques sont encore visibles. Ils ont été copiés, photographiés et parfois estampés. Les textes connus par des publications anciennes, mais non retrouvés (environ 30 %, du total) ont été tous vérifiés autant que possible d’après les copies et les illustrations des nos prédécesseurs. Un commentaire historique, mais aussi philologique, permet de replacer chaque texte dans son contexte et de mieux comprendre le fonctionnement de la cité, les relations entre les grands personnages, la place de l’armée romaine, le commerce caravanier.

Un second fascicule (à paraître) comprendra le célèbre Tarif de Palmyre et les inscriptions de la Palmyrène, c’est-à-dire la région qui entoure la ville. Les prospections avaient débuté dans cette zone dès 2009, on espère les poursuivre dès que la situation le permettra.